Les abbayes nous apparaissent souvent comme des lieux heureusement à l’écart du monde, préservées de ses tumultes et de ses vilenies. D’une certaine façon, ce n’est pas faux. Là où, selon la règle de saint Benoît on s’applique d’abord à prier et à travailler à l’abri d’une clôture, le rythme de vie est très différent de celui qui caractérise nos contemporains. Et pourtant ! Estimer que nos religieux seraient étrangers à nos soucis, à nos difficultés, à nos maux, relève de l’erreur totale. On n’imagine pas à quel point ils sont informés de ce qui se passe dans tous les aspects de la vie sociale et même de ce qui relève de l’intimité des personnes et des familles. Il y a à cela une raison simple : aux moines on se confie particulièrement lorsqu’on est dans la peine et le drame. Et il arrive que les monastères accueillent des personnes qui ne trouvent refuge nulle part ailleurs et tentent de se libérer dans la paix et la prière des heures.
Si je me lance dans une telle explication, c’est que j’ai reçu récemment une lettre d’un ami moine dont je ne puis garder la substance pour moi, tout en ne révélant pas l’identité du signataire. Cette lettre me met en garde contre beaucoup de fausses accusations dont ont été victimes des prêtres en matière de pédophilie. « Nous connaissons des dizaines et des dizaines de cas similaires pour l’Église de ce qui s’est passé à Outreau. Ils ne font pas de bruit, parce qu’ils ne concernent qu’une seule personne à la fois, trop faible pour se faire entendre. » Et de me donner des cas précis, tel ce curé de campagne condamné avec sursis sur des accusations fantaisistes, maltraité et brisé psychologiquement.
Il est vrai que le climat de ces dernières années a conduit à des imputations massives, reprises par la presse mais qui soulèvent chez les spécialistes les plus grandes réserves. Les centaines de confidences reçues dans les monastères invitent à plus de prudence : « Comment se fait-il qu’ayant été élevé toute mon enfance par des prêtres, et étant en relation constante avec des gens d’Église, je n’ai jamais rencontré de cas de pédophilie, alors que j’ai enregistré de nombreux cas de prêtres faussement accusés par des gens vindicatifs ou à l’esprit dérangé, soit par des hommes et des femmes résolus à extorquer de l’argent. » Je n’ai pas cru devoir garder ce témoignage pour moi seul. On lui opposera sans doute d’autres témoignages. Mais il m’est impossible de récuser la véracité de celui-ci, sachant la qualité de mon correspondant.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 20 février 2012.
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