Une histoire vraie: M. Clyde King, fidèle sacristain de ma paroisse dans le Nord de la Californie m’a contacté un jour, à la sortie de la messe l’an dernier, me demandant si, éventuellement, je pourrais le remplacer pendant une dizaine de jours. Il devrait probablement s’absenter, sans en être encore certain; il souhaitait, en ce cas, prendre les devants auprès de quelqu’un bien au courant.
Il projetait, ou, plutôt, espérait aller à Lourdes; il luttait contre un mélanome depuis 2009. On lui avait retiré une tumeur à la tempe gauche, puis trois autres, fin 2010, sous le menton. À part la cicatrice lui ayant enlevé une partie du cou, nul n’aurait pu penser qu’il s’était confronté à une grave maladie. Il semblait solide, la démarche bien assurée. Son énergie était telle que j’ai été étonné d’apprendre son âge, plus de soixante-cinq ans. Pour le moment, son mélanome était éradiqué.
Cependant, il avait posé sa candidature à un pèlerinage financé par les Chevaliers de Malte, emmenant des malades [en français dans le texte] — pèlerins dont l’état justifiait la demande tout en permettant le voyage. Tous les candidats, évidemment, ne pouvaient être emmenés, et il était sur la liste d’attente. Il accepta bien volontiers, répondant que Marie désignerait les pèlerins.
Peu après, le radiologue l’appela pour lui annoncer une mauvaise nouvelle: l’examen de routine par scintillographie avait révélé la présence d’une autre (et grave, mélanome au stade 4) tumeur — cette fois située dans la poitrine, sur le côté droit de la trachée artère. Un traitement, avec intervention chirurgicale, serait nécessaire.
Sans avoir connaissance de cette aggravation, les organisateurs du pèlerinage lui annoncèrent — environ une semaine avant la date de départ — qu’une place était vacante, il était temps de faire la valise.
Alors, il y alla — plein d’espoir, mais sereinement disposé à accepter ce qu’il en adviendrait. Il participa à toutes les activités habituelles à Lourdes, messes, bain à la source. Il était totalement empli de l’esprit du pèlerinage, mais, franchement, il n’appréciait guère de se faire transporter dans une chaise roulante pour aller d’un point à un autre, alors qu’il était tout-à-fait capable de se déplacer.
Il accepta cependant toute cette procédure et consacra du temps libre à faire à pied le chemin de croix au-dessus de la ville, et à retourner le soir, au calme, à la grotte.
Lorsqu’il était à Lourdes, son médecin — rendu soucieux par les résultats d’examens effectués juste avant le départ — appela sa femme pour fixer un rendez-vous au plus tôt. Le retour était fixé un mercredi. Elle prit donc, sans en parler à son mari, rendez-vous pour le jeudi. De nouveaux examens seraient alors pratiqués.
Les résultats furent rendus le lundi suivant — à sa grande perplexité, le médecin constata que toutes traces de mélanome avaient disparu. L’oncologue consulté peu après lui déclara: « Je ne crois pas aux miracles, mais, vu ce cas, je pourrais bien reconsidérer la question.»
Le soir de ce même lundi, notre sacristain étant de retour à son poste près de l’autel, notre diacre annonça la bonne nouvelle au cours de l’homélie de la messe du soir. J’imagine que même les plus rigoureux adversaires des entorses à la liturgie n’auraient rien redit aux applaudissements jaillis spontanément lors de cette annonce stupéfiante.
Ça s’est passé voici près de dix mois — et tous les examens effectués depuis ont confirmé la disparition du cancer; le bureau des constations de Lourdes enregistrera vraisemblablement son cas remarquable.
Passant à Lourdes en septembre dernier, j’ai pu rencontrer, grâce à la bienveillance du directeur médical, deux Italiennes (faisant partie des soixante-sept personnes au total) « officiellement reconnues », suite à des enquêtes longues et approfondies, miraculeusement guéries.
L’une d’entre elles ne fut pas guérie sur-le-champ, venue à Lourdes en août 1976, alors fillette de 11 ans souffrant d’une tumeur maligne (sarcôme) au genou. Elle rentra chez elle dans le même état. Qui empira au cours des mois suivants.
La douleur grandissait, elle ne put plus marcher, sa santé se dégrada. Elle ne pesait plus que 22 kg. et sa mère préparait des vêtements de deuil. Et pourtant, elle persévéra, toute sa famille — et même tout son village sicilien — avec elle, dans les prières à Notre-Dame de Lourdes.
Un beau matin de décembre, elle s’éveilla prête à sortir, à marcher, sans la moindre douleur; alors débutait sa guérison « scientifiquement inexplicable ».
La parabole de la veuve entêtée (Luc, 18:1) doit tenir une place particulière dans leurs cœurs.
J’ai demandé à cette femme de réciter un « Je vous salue Marie » pour la conversion de certains de mes proches ayant abandonné la pratique religieuse. J’ai bien fait mais, réflexion faite, je devrais bien emprunter une page de leur saga familiale au lieu de laisser flotter ma propre persévérance en la prière.
Sa guérison — de retour chez elle après son pèlerinage — est une bonne raison pour moi de publier ce récit en ce jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes, à propos de mon voisin de paroisse; car ceux qui espèrent la guérison n’ont pas tous la possibilité d’aller à Lourdes, ou d’être exaucés aussi radicalement.
Puissent ceux qui souffrent dans leur corps, leurs pensées, leur esprit, conserver l’espoir. Notre Mère aimante souhaite qu’on se tourne vers elle — et offre son Fils à ceux dont le cœur est ouvert, prêt à L’accueillir. À côté des grâces qu’elle dispense abondamment, il y a, selon Ste Catherine Labouré, encore plus de grâces que nous ne recevons pas parce que nous omettons de les demander.