TRAVAILLER AVEC LES MUSULMANS - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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TRAVAILLER AVEC LES MUSULMANS

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La session de négociation commencée à 22 heures allait durer toute la nuit. C’était l’ultime nuit d’un processus de deux semaines programmé depuis des années. Les points durs devaient être arrêtés au cœur de cette nuit quand chacun serait épuisé, la cafeteria fermée et les interprètes rentrés chez eux.
J’abandonnais l’immense salle de négociation au sous-sol de l’immeuble des Nations Unies. Des rangées concentriques de bureaux en demi-cercle cascadaient du bas en haut ornés des cent-quatre-vingt et quelques pavillons nationaux alignés par ordre alphabétique. Du plancher au plafond, de hauts vitraux de plus de 300 mètres de haut réverbéraient la lune sur East River.

Je m’approchai d’un ambassadeur d’un pays musulman pour lui dire : « cette session va durer toute la nuit et ne sera pas une partie de plaisir. Lorsque cela deviendra très dur, sachez que tout là-bas, en pointant des sièges sur le côté, vingt chrétiens prieront pour vous. »

Cet homme fut un vrai lion cette nuit-là pour défendre bec et ongles les enfants à naître. Les gouvernements occidentaux, et les bureaucrates onusiens, s’étaient entendus pour faire reconnaître un droit à l’avortement sans aucune limite.

Il prit la parole sans relâche. Il martela son pupitre. Il prit la défense des ONG chrétiennes mises en cause par l’Union européenne. Lorsque le soleil se leva, nos efforts avaient abouti. La reconnaissance du droit à l’avortement était une nouvelle fois bloquée.

Nombreux sont ceux qui applaudiront à ce résultat mais les mêmes craindront que ce résultat ait été obtenu avec l’aide de gouvernements qui tolèrent la persécution de nos coreligionnaires. Ce serait évidemment préférable que la coalition qui soutient les enfants à naître aux Nations Unies soit large, profonde et étendue. Il n’en est rien. Si seulement les nations dites chrétiennes nous appuyaient. Mais c’est l’Europe post-chrétienne qui mène le combat pour faire de l’avortement la loi internationale. Même des pays aussi solides que la Pologne et Malte s’alignent sur l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne une fois que l’Union européenne a arrêté une position commune qui est presque toujours en faveur de la culture de la mort.

Quid de l’Amérique latine catholique ? Elle aussi n’est pas avec nous. Ses élites ont depuis longtemps rejoint le point de vue européen sur le sujet. C’est pour elles une marque de sophistication. Leurs gouvernements, quant à eux, ne souhaitent pas être épinglés par les commissions onusiennes des Droits de l’Homme. Ils jettent ainsi un os à leurs féministes radicaux qu’ils envoient les représenter aux négociations à l’ONU. Ils évitent ainsi d’être étiquetés par les médias les plus prestigieux comme faisant partie d’une pas si « Sainte Alliance » avec le Vatican et l’Islam.

L’Afrique ? Elle est trop pauvre pour s’opposer de front aux NU et aux pays donateurs d’aide. Le droit à l’avortement fait-il partie des conditionnalités de l’aide ? Le Fonds des NU pour la population y veille. C’est une arme potentielle.

Du coup, certains s’alarment du fait que nous dussions payer le soutien aux enfants à naître d’une collaboration avec les Etats musulmans. Le jeu n’en vaudrait pas la chandelle. En travaillant ainsi avec les Musulmans, les ONG chrétiennes pro-vie contribueraient à répandre la Charia et l’Islam radical, a accusé récemment Diana West sur le site « Big Peace » de Andrew Breitbart. Selon elle, la persécution religieuse est un enjeu plus prioritaire que la protection des enfants à naître.

De fait, de nombreuses associations travaillent en faveur de la liberté religieuse en ignorant le sort des enfants à naître. Chacun son choix. Mais certains, dont Diana West, vont plus loin : ils veulent que les défenseurs des enfants arrêtent leur travail pour ne pas payer le prix de l’accord avec les Musulmans.

Or quel est le prix de l’avortement : 50 millions de vies ? Plus ? Plus encore si les pro-avortement l’emportaient aux NU.

Et nous ne ferions rien sous prétexte que nous ne pouvons arriver à nos fins qu’avec le concours des Musulmans ?

Nous applaudissons ceux qui luttent pour d’autres causes légitimes dans le domaine des droits de l’Homme telles que la persécution religieuse. Nous sommes d’avis cependant que la défense de la vie passe en premier. C’est le droit qui rend possible tous les autres droits et les autres libertés, y compris la liberté religieuse.

Nous croyons aussi qu’à notre manière nous œuvrons pour la liberté religieuse. En travaillant avec les diplomates des pays musulmans, en liant amitié avec eux, en les aimant, nous pensons changer les cœurs et les esprits. Nous aidons ainsi à notre façon – peut-être mystérieusement – nos frères et sœurs assiégés dans ces pays. Cette voie souvent mal comprise est la voie du Christ.

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http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/working-with-the-muslims.html