La polémique autour de pièces de théâtre pour le moins litigieuses risque de faire rage encore un bon bout de temps. J’observe, pour ma part, certains échanges télévisuels qui souvent me laissent perplexe, tel celui qui a eu lieu sur Paris Première à l’émission d’Éric Naulleau et d’Éric Zemmour. C’était vendredi soir, Henri Guaino en était le principal invité. Le conseiller de Nicolas Sarkozy s’est affirmé comme croyant, blessé par les attaques contre le Christ mises en scènes, notamment à Paris. Il n’en a pas moins défendu le principe de la liberté d’expression qu’il a étroitement associé à la laïcité de l’État. Ce n’est pas ces principes que je contesterai mais certaines allégations d’Henri Guaino.
Rappelant, en effet, la tradition anti-religieuse d’un Voltaire, il s’est félicité que ses enfants soient initiés, à l’école de la République, aux écrits ironiques du philosophe. Très bien ! Mais je m’étonne qu’il n’ait pas aussi rappelé qu’autrefois, à la même école, on apprenait également les auteurs chrétiens, Pascal singulièrement, l’histoire de Port-Royal et même les querelles de la Grâce. Oui, on apprenait tout autrefois. On n’en est plus là aujourd’hui et on devrait réfléchir sérieusement à cette déperdition culturelle. Autre remarque : à un contradicteur traditionaliste, le même Henri Guaino a soutenu que, si des moqueries sur la Shoah seraient évidemment interdites sur une scène publique, ce ne serait que pour des raisons politiques et légales. En un mot, l’antisémitisme constitue un délit reconnu par la loi.
J’en demande bien pardon à Henri Guaino, que par ailleurs j’estime profondément, il est rigoureusement impossible d’exclure la dimension religieuse de la Shoah. Déjà, ce terme de Shoah a été consacré par des rabbins qui l’avaient choisi pour désigner le caractère très spécifique de l’extermination du peuple juif. Par ailleurs, il est impossible de détacher le peuple juif de sa dimension religieuse et tout aussi impossible d’ignorer le fait historique que la plupart des victimes du génocide ont été des juifs pieux, notamment ceux qui se reconnaissaient dans la tradition hassidique. On n’a pas le droit de dire n’importe quoi sur un pareil sujet !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 21 novembre 2011
Pour aller plus loin :
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