Une vue à long terme - Mystique de l'unité - France Catholique
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La justice de Dieu
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Une vue à long terme – Mystique de l’unité

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L’Église vient de célébrer la fête du grand Saint Ignace d’Antioche — non pas l’Espagnol fondateur des Jésuites au seizième siècle, mais l’évêque d’Antioche, martyr de la foi, dévoré par les lions au Colisée vers 98 – 117 après J.C.

Ignace fut arrêté à Antioche et, ainsi que Paul avant lui, envoyé à Rome pour y être exécuté. Tout-à-fait conscient du sort qui l’attendait, il rédigea pendant le voyage une série de lettres à diverses églises, dont l’une, adressée à l’église de Rome, exhortait les fidèles à ne pas intervenir contre son exécution (C’était Rome, après tout; le pays des pots-de-vin).

« Ne cherchez pas à me faire accorder de plus grande grâce — écrivait-il à ses frères romains — que mon sacrifice à Dieu alors que l’autel est préparé; que tous, unis dans l’amour, vous puissiez chanter la gloire du Père par l’intercession de Jésus-Christ, que Dieu m’a inspirée, à moi, évêque en Syrie, digne d’être envoyé d’Orient en Occident. Il est bon de se préparer à quitter le monde vers Dieu, dans l’attente de la résurrection. »

C’est un langage volontairement eucharistique. L’autel est préparé, la congrégation sera rassemblée, le sacrifice est prêt afin que « de l’Orient à l’Occident puisse être présentée une offrande parfaite.» Par contre, le pain à élever de l’autel vers Dieu sera Ignace lui-même. « Laissez les dents des bêtes sauvages me déchiqueter — écrit-il — afin de faire de moi le pur pain du Christ. »

Le pape Benoît XVI désigne Ignace comme « Docteur de l’unité ». Et il l’était. Au cours de sa vie et lors de son martyre il a exprimé son union au Corps du Christ sur la croix, son union au Corps du Christ dans l’Eucharistie, et son union au Corps du Christ dans l’Église. Selon Ignace, l’Église n’était pas simplement une nouvelle « institution »; elle était sur terre le « Corps du Christ ». Ainsi, semer la division au sein de l’Église était exactement comme vouloir dépecer le Corps du Christ. L’union avec le Corps du Christ et dans le Corps du Christ se complétaient nécessairement. Et l’union dans l’Église signifiait l’union avec les successeurs des Apôtres, les évêques.

« Soyez soumis à votre évêque — comme l’écrit Ignace dans une de ses lettres — ainsi que Jésus-Christ l’est à Son Père dans la chair, et comme le sont les Apôtres au Christ et au Père et à l’Esprit; ainsi se forme une union à la fois charnelle et spirituelle. » Ailleurs, il continue: « Car il nous faut accueillir tout envoyé du Maître de maison venu diriger en Son nom, comme le Maître lui-même. Il est donc évident que nous devons accorder à l’évêque la même considération que celle portée au Seigneur Lui-même. »

Les prêtres dissidents, du style lefebvristes ou autrichiens, qui s’imaginent que le « schisme » est la solution aux problèmes de l’Église devraient écouter l’admonition d’Ignace: « Il est donc bon non seulement d’être chrétien, mais encore de se comporter comme tel, et non de dire reconnaître son évêque pour se comporter à l’opposé de son autorité. » Et il écrit: « veillez à ce que tous suivent leur évêque, comme Jésus-Christ suit le Père. »

De tels commentaires étaient le refrain constant de tous les Pères de l’Église primitive. Cependant, au fil des siècles, des chrétiens se croyant « plus fidèles » à l’Évangile se sont éloignés de leur évêque, sans (ou presque) souci d’unité, mais uniquement en quête d’une sorte de pureté telle qu’ils la concevaient — que cette « pureté » eût un caractère « conservateur » ou « progressiste ».

S’exprimer ainsi est insensé. Un sage cistercien me conseillait, voici quelques années, de ne jamais appliquer à des catholiques les termes « progressiste » et « conservateur ». De telles étiquettes conviennent aux débats politiques, me disait-il, où les deux camps peuvent soutenir des thèses également défendables. Mais le but au sein de l’Église est « l’orthodoxie », et y parvenir ne correspond guère à se guider à l’aide d’un éventail idéologique, mais à atteindre le centre d’une cible. Que ce soit trop court ou trop long, c’est toujours raté. Retenir certains enseignements que vous préférez, et négliger les autres, n’est pas être « progressiste » ou « libéral », c’est juste manquer la cible. De même être plus inflexible ou restrictif que le pape n’est pas être « conservateur », c’est la rater de l’autre côté.

Quand les gens se plaignent de leurs « mauvais » évêques, je leur rappelle qu’aucun n’a jamais été si mauvais que le premier groupe qui, bien qu’ayant pris des repas, s’étant reposé, ayant marché avec le Christ, l’avait abandonné à l’heure où Il aurait eu besoin d’eux. Pierre l’a renié, prétendant ne pas même connaître le Christ, et pourtant Dieu a bâti son Église sur cette pierre.

Dieu connaissait parfaitement ceux avec qui Il travaillait. De toujours, ils n’étaient que des ustensiles d’argile. Notre foi réside en l’Esprit Saint qui œuvre en eux et par eux, et en la promesse du Christ d’être avec Son Église jusqu’à la fin des temps. De mauvais évêques? Il n’y a là rien de nouveau sous le soleil. Il en a été ainsi dès le début. Ignace le savait bien. Pourtant, ses prières-testament imploraient l’union, « qu’ils soient un, comme le Père et le Fils sont un. »


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/taking-the-long-view.html


Icône : Le martyre de Saint Ignace