L’assemblée plénière de l’épiscopat qui se tient chaque année à l’automne dans le cadre des sanctuaires de Lourdes, est l’occasion de mises au point importantes sur la vie de l’Église, mais aussi sur la marche du monde. Dans son discours d’ouverture, le cardinal André Vingt-Trois n’a pas manqué de traiter de ce qu’il a appelé « une crise de système », à propos de la tempête qui secoue — au-delà de l’Europe endettée — la planète entière. La tenue presque concomitante du G20 à Cannes ne pouvait que renforcer l’acuité de l’analyse du président de la conférence des évêques de France. Poursuivant d’ailleurs la réflexion déjà amorcée par un récent document de l’épiscopat sur les enjeux des élections présidentielles, le Cardinal a de nouveau insisté sur le haut degré d’exigence que devrait revêtir le débat politique qui dépasse de loin la dimension personnelle des candidats et les habituelles propositions de programmes.
Un des axes de la réflexion concerne la nécessité de changer de modèle de consommation et donc de modèle de société : « Nous ne sommes pas dans une situation où quelques faveurs fiscales ou quelques financements exceptionnels pourraient changer brutalement la donne économique. » Comment alors mettre en œuvre ces « nouveaux modes de vie » avec la volonté de parvenir à « une consommation plus raisonnable » ? C’est que l’on passe des principes clairement énoncés à la difficulté des solutions pratiques. On pourra, en effet, objecter les contraintes du marché international et leurs dures retombées sur les économies locales. Il est à craindre que les changements de comportement n’interviennent dans les pires conditions, appauvrissant par priorité les plus faibles, privés notamment des moyens de se soigner, voire de se nourrir correctement.
Mais le cardinal Vingt-Trois ne veut pas alimenter le pessimisme ambiant. Il rappelle que « si la dette publique de la France est très élevée, le taux de l’épargne privée y est aussi particulièrement haut ». C’est donc qu’il n’y a pas de fatalité sur le terrain national pas plus que sur le terrain international. La crainte de voir les peuples s’enfermer dans l’isolationnisme est contrebalancée par l’espoir de définir d’autres règles de l’échange et d’autres perspectives de solidarité. L’Église intervient dans cette conjonction difficile pour éclairer et encourager.