CITE DU VATICAN, 25 OCT 2011 (VIS). Migrations et nouvelle évangélisation, tel est le thème choisi par Benoît XVI pour la prochaine Journée mondiale des migrants et réfugiés (15 janvier 2012), et dont voici de larges extraits:
« Annoncer Jésus Christ unique Sauveur du monde constitue la mission essentielle de l’Eglise, tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Aujourd’hui, nous ressentons l’urgence de promouvoir, avec une force nouvelle et des modalités renouvelées, l’œuvre d’évangélisation dans un monde où l’élimination des frontières et les nouveaux processus de mondialisation rendent les personnes et les peuples encore plus proches, soit grâce au développement des moyens de communication, soit grâce à la fréquence et la facilité avec lesquelles les déplacements de personnes et de groupes sont rendus possibles ». Le thème choisi cette année découle de cette réalité. « En effet, le contexte historique appelle l’Eglise à accomplir une nouvelle évangélisation, y compris au sein du vaste et complexe phénomène de la mobilité humaine, en intensifiant l’action missionnaire tant dans les régions de première annonce que dans les pays de tradition chrétienne ».
« Les migrations internes ou internationales, à la recherche de meilleures conditions de vie ou pour fuir la menace de persécutions, de guerres, de la violence, de la faim et de catastrophes naturelles, ont produit un brassage de personnes et de peuples sans précédent, avec des problématiques nouvelles non seulement d’un point de vue humain, mais également éthique, religieux et spirituel. Les conséquences actuelles et évidentes de la sécularisation, l’apparition de nouveaux mouvements sectaires, l’insensibilité diffuse à l’égard de la foi chrétienne, la nette tendance à la fragmentation, rendent difficile de se concentrer sur une référence unifiante qui encourage la formation d’une seule famille de frères et sœurs dans des sociétés qui deviennent toujours plus multiethniques et interculturelles, où les personnes de diverses religions aussi sont encouragées au dialogue, afin que l’on puisse parvenir à une coexistence sereine et fructueuse dans le respect des différences légitimes… Notre époque est marquée par des tentatives d’éliminer Dieu et l’enseignement de l’Eglise de l’horizon de la vie, tandis que progressent le doute, le scepticisme et l’indifférence, qui voudraient éliminer jusqu’à toute visibilité sociale et symbolique de la foi chrétienne ». Dans ce contexte, les migrants qui ont connu le Christ et qui ont grandi dans des pays « marqués par la foi chrétienne, émigrent souvent dans des pays où les chrétiens constituent une minorité ou dans lesquels l’antique tradition de foi n’est plus une conviction personnelle, ni une confession communautaire, mais est réduite à un fait culturel. Là, l’Eglise est placée face au défi d’aider les migrants à maintenir solide la foi, même lorsque manque l’appui culturel qui existait dans le pays d’origine, en identifiant également de nouvelles stratégies pastorales, ainsi que des méthodes et des langages pour un accueil toujours vital de la Parole de Dieu ».
« Le phénomène migratoire actuel est également une occasion providentielle pour l’annonce de l’Evangile. Des hommes et des femmes provenant de diverses régions de la terre, qui n’ont pas encore rencontré Jésus-Christ ou ne le connaissent que de façon partielle, demandent à être accueillis dans des pays d’antique tradition chrétienne. Il est nécessaire de trouver à leur égard des modalités adéquates afin qu’ils puissent rencontrer et connaître Jésus-Christ et faire l’expérience du don inestimable du salut, qui est pour tous source de vie en abondance ». Dans la nouvelle évangélisation, au plan migratoire, les agents de la pastorale, prêtres, religieux et laïcs, assument un rôle décisif et doivent œuvrer toujours plus dans un contexte pluraliste. En communion avec leurs évêques, et puisant au magistère de l’Eglise, je les invite à rechercher des chemins de partage fraternel et d’annonce respectueuse, en surmontant les oppositions et les nationalismes. Pour leur part, les Eglises d’origine, celles de transit et celles d’accueil des flux migratoires doivent savoir intensifier leur coopération, au bénéfice de ceux qui partent et de ceux qui arrivent, et, dans tous les cas, de ceux qui ont besoin de rencontrer sur leur chemin le visage miséricordieux du Christ dans l’accueil du prochain. Les réfugiés qui demandent asile, ayant fui les persécutions, les violences et les situations qui mettent leur vie en danger, ont besoin de notre compréhension et de notre accueil, du respect de leur dignité humaine et de leurs droits, tout comme de la prise de conscience de leurs devoirs. Leur souffrance exige de la part des Etats et de la communauté internationale des attitudes d’accueil réciproque, en surmontant les craintes et en évitant les formes de discrimination, et que l’on rende concrète la solidarité notamment à travers des structures d’accueil et des programmes de réinsertion. Tout cela comporte une aide réciproque entre les régions qui souffrent et celles qui accueillent déjà depuis des années un grand nombre de personnes en fuite, ainsi qu’un plus grand partage des responsabilités entre les états ».
« La presse et les autres moyens de communication ont un rôle important pour faire connaître de façon correcte, objective et honnête, la situation de ceux qui ont été contraints de quitter leur patrie et leurs êtres chers et veulent commencer à se construire une nouvelle existence… Les communautés chrétiennes doivent accorder une attention particulière aux travailleurs migrants et à leurs familles, à travers l’accompagnement de la prière, de la solidarité et de la charité chrétienne, l’enrichissement réciproque, ainsi que la promotion de nouveaux programmes d’action politiques, économiques et sociaux, qui favorisent le respect de la dignité de chaque personne humaine, la protection de la famille, l’accès à un logement digne, à un travail et à une assistance ». Je désire enfin, conclut le Saint-Père, « rappeler la situation de nombreux étudiants étrangers qui font face à des problèmes d’insertion, à des difficultés bureaucratiques, et à des obstacles dans la recherche de logement et de structure d’accueil. De façon particulière, les communautés chrétiennes doivent être sensibles à l’égard des nombreux jeunes garçons et filles qui, précisément en raison de leur jeune âge, outre la croissance culturelle, ont besoin de points de référence et cultivent dans leur cœur une profonde soif de vérité et le désir de rencontrer Dieu. De façon particulière, les universités d’inspiration chrétienne doivent être des lieux de témoignage et de diffusion de la nouvelle évangélisation, sérieusement engagés à contribuer, dans le milieu académique, au progrès social, culturel et humain, ainsi qu’à promouvoir le dialogue entre les cultures, en valorisant la contribution que peuvent apporter ces étudiants étrangers ». Invoquons, conclue le Saint-Père, l’intercession de Marie, « afin que l’annonce du salut en Jésus-Christ réjouisse le coeur des personnes en mouvement sur les routes du monde ».
MESS/ VIS 20111025 (1100)
PRESENTATION DU MESSAGE PAPAL
CITE DU VATICAN, 25 OCT 2011 (VIS).Le message papal pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2012 (15 janvier), Migrations et nouvelle évangélisation », a été présenté ce matin à la presse par Mgr.Antonio Maria Vegliò, Président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, assisté de Mgr.Joseph Kalathiparambil, Secrétaire, et du P.Gabriele Ferdinando Bentoglio, CS. Le document se divise en trois parties, une consacrée au travailleur émigré, une au réfugié, une à l’étudiant étranger. La problématique de la nouvelle évangélisation s’applique à toutes ces catégories, a dit Mgr.Vegliò, dans un contexte « où le mélange des nationalités et des religions s’accroît de manière exponentielle… Face au phénomène et pour relancer son action missionnaire, l’Eglise doit revoir ses méthodes et son langage, même si ce nouvelle évangélisation ne modifie pas les contenus et les valeurs du message, et le mandat missionnaire de l’Evangile, de la tradition et du magistère ».
« Les migrations permettent de faire connaître l’Evangile à qui provient de régions n’ayant pas encore connu le Christ. D’autre part, nombre de chrétiens émigrent vers des pays où leur religion est minoritaire, voire réduite à un fait culturel. Dans les deux cas de figure les laïcs peuvent évangéliser par leur exemple de vie, allant de pair avec une pastorale spécifique. Cet engagement du laïcat est indispensable pour créer un dialogue à tous les niveaux ». Puis Mgr.Vegliò s’est uni au Pape pour saluer les efforts de qui « consacre temps, ressources et énergies dans la pastorale des migrants, souvent en silence, parfois au péril de la vie ».
Ensuite Mgr.Kalathiparambil a tracé un tableau du phénomène des réfugiés, sur la base des récentes statistiques de l’ACNUR qui indiquent que quatre réfugiés sur cinq se trouvent dans des pays en voie de développement, alors que dans nombre de pays développés l’hostilité grandit envers ces personnes ». Les communautés chrétiennes qui sont sollicités voient au contraire dans les réfugiés « le visage du Christ qui fait de nous tous les frères et des soeurs… L’accueil est même un signe d’identité de l’Eglise, une caractéristique de sa sollicitude pastorale envers réfugiés et migrants, qui s’oppose à tout sentiment ou manifestation de racisme et de xénophobie ». Le P. Bentoglio a abordé la question des écoliers et étudiants étrangers, qui seront sept millions en 2025. « Il est par conséquent urgent que le monde scolaire et universitaire mette au point une stratégie répondant à une profonde soif de savoir comme au désir de trouver Dieu ». Dans un monde globalisé, « l’éducation doit tendre à la formation intégrale de la personne, à la transmission de valeurs comme la responsabilité, individuelle et sociale, l’éthique du travail, la solidarité universelle au-delà de l’appartenance nationale ». Enfin, il a annoncé que du 30 novembre au 3 décembre se déroulera à Rome le III Congrès mondial de la pastorale des étudiants étrangers, organisé par le Conseil pontifical et consacré au croisement des cultures. On y attend 123 délégués des différents continents ou représentants d’instituts religieux, associations et organisations diverses.
CON-SM/ VIS 20111025 (500)
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Ouverture du Synode pour le Proche Orient
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- La France et le cœur de Jésus et Marie