Mon thème de ce matin se rapportera à un événement qui s’est déroulé samedi et qui a suscité un grand concours de peuple, sans trop susciter les éditorialistes. L’habitude sans doute, puisque la technoparade a lieu tous les ans, que son initiateur fut Jack Lang qui paraît aussi satisfait de l’avoir promu qu’il l’est de la fête de la musique qui fut aussi son œuvre. Il était d’ailleurs présent en bonne place samedi, rayonnant de pouvoir donner tant de bonheur à cette foule de jeunes dansant au rythme d’orchestres assourdissants.
Ce n’est pas que j’ai trop envie d’entrer en guerre contre la musique techno, qui a bien sûr ses mérites, ni même contre la technoparade, et je n’ai évidemment rien contre la fête qui est un moment nécessaire de respiration des sociétés. Encore que… arrive un moment où, à force de « s’éclater » et de se repaître de la célébration du vide, on finit par correspondre à cette société du vide précisément dont parlait un sociologue. Philippe Muray, l’écrivain qui a été le plus loin dans l’analyse de la dégénérescence psychologique, mentale et morale de ce type d’exhibition parlait, à propos de la technoparade, du « crime de M. Lang ». Certains trouveront cela peut-être excessif. Mais l’excès n’est-il pas le maître-mot de ce type de manifestation, où on manifeste pour rien, fasciné par l’appel de ce qu’il faut bien appeler le néant, un néant qui vous assomme de décibels et parfois vous détruit.
Chronique du 19 septembre sur RND