L’Ambassadeur du Malawi auprès des Nations Unies a confié en privé il y a quelques semaines que l’administration Obama avait menacé de suspendre une aide de 350 millions de dollars si le gouvernement du Malawi n’abolissait pas sa législation sur la sodomie.
Le petit Malawi est un pays d’environ seize millions d’habitants où l’espérance de vie est de 51,7 ans, l’une des plus faibles au monde (source : agenda statistique mondial de la CIA). Le Malawi occupe la 11e place pour la mortalité infantile la plus élevée. 44 pour cent des habitants n’ont pas accès à l’assainissement.
Le Malawi est un des pays les plus pauvres du monde pour lequel un programme d’aide de 350 millions de dollars est une affaire considérable. Or voici que le président Obama et la secrétaire d’Etat Hillary Clinton tiennent le Malawi otage de la nouvelle politique américaine sur l’homosexualité. Légalisez la sodomie ou que le vent vous emporte.
Le Malawi n’a pas pris cette législation à la légère. C’est un pays à 82% chrétien, une démocratie multipartite, avec deux Chambres et un pouvoir judiciaire.
En quelques jours, le gouvernement du Malawi a promis de s’exécuter et d’abolir les lois sur la sodomie. Obama s’est félicité de cette grande victoire. Oui, vous pouvez aisément l’emporter en menaçant les plus pauvres.
C’est juste un petit exemple scandaleux de la façon dont la politique sur l’orientation sexuelle dite LGBT (Ndt : Lesbienne, Gay [homosexuel], Bisexuel et Transsexuel) domine une partie au moins de la politique étrangère de notre jeune président.
Le 21 juin, la représentante permanente des Etats-Unis auprès des Nations Unies, Susan Rice, a, devant l’Assemblée générale, félicité Ban Ki-Moon de sa réélection au poste de Secrétaire Général. Dans une brève allocution, elle l’a remercié pour l’accent qu’il a mis sur « la reconnaissance des droits des lesbiennes, des homosexuels, des bisexuels et des transsexuels en tant que, tout simplement, des droits de l’Homme. » Aucun autre ambassadeur n’a fait une telle référence.
Un ambassadeur en colère s’est demandé si elle agissait sur instructions du président Obama à l’intention de sa circonscription homosexuelle de New York. « Dans cette occasion solennelle, dit-il, la référence aux LGBT était fort étrange et parfaitement déplacée ou de mauvais goût. » Il remarque que Mme Rice n’a même pas mentionné les Objectifs du Millénaire, ce qui montre où vont les réelles priorités de l’administration américaine.
Il y a quelques semaines, celle-ci a exercé de fortes pressions sur les gouvernements latino-américains pour qu’ils soutiennent une résolution créant une commission d’enquête sur les violences faites aux homosexuels. Elle souhaitait quelque chose de plus fort : ajouter l’orientation sexuelle et l’identité du genre comme nouvelles catégories sur la base desquelles le droit international garantit toute non-discrimination, de la même manière que la liberté religieuse. La création de cette commission n’est qu’un premier pas. En s’adressant à l’association des homosexuels du Département d’Etat, Hillary Clinton a qualifié la résolution des NU de « grande première dans la reconnaissance des droits de l’Homme des LGBT à travers le monde. » Bien que cela ne soit pas tout à fait vrai, cela montre que c’est ainsi qu’elle veut être perçue.
Au cours de la même allocution, Mme Clinton a évoqué un ensemble de mesures que le Département d’Etat compte promouvoir pour mettre en œuvre sa politique LGBT à travers une série d’organismes pêle-mêle tels que l’USAID, le bureau des organisations internationales, celui de la Démocratie, des Droits de l’Homme et du Travail, les directions d’Europe et d’Asie centrale, et d’Amérique du Nord. Elle a expliqué l’action des Etats-Unis, avec le soutien de vingt autres gouvernements, en faveur d’une manifestation pour les droits des homosexuels en Slovaquie qui avait dégénéré en violences. Elle s’est vantée, suscitant les rires des diplomates dans l’assistance, d’avoir facilité la participation de Lady Gaga à un rassemblement homosexuel à Rome. Et pan pour l’Eglise catholique !
Il y a plusieurs mois, toutes les ambassades américaines dans le monde ont reçu instruction d’observer et d’aider les mouvements homosexuels dans leur pays de résidence. Les souhaits, traditions ou pratiques religieuses de ces pays n’entrent pas en ligne de compte.
Le président américain peut se sentir à l’aise sur la politique sociale à l’ONU car l’organisation est une sorte de bras mort (ou de voie de garage). Les Américains n’y prêtent aucune attention, à l’exception de quelques questions de sécurité ou à l’occasion de scandales. La plupart des Américains ignorent totalement l’ONU, et notamment sa politique sociale qui n’est suivie que par quelques activistes des deux bords. C’est là que l’on peut réellement satisfaire sa base politique. Par exemple, le président Bush fut plus engagé dans les campagnes pro-vie aux Nations Unies que dans n’importe quelle instance. Le président Obama y est plus actif en faveur de l’avortement, s’il est possible, et certainement en faveur des homosexuels que partout ailleurs.
La bonne nouvelle est que l’opposition à cette politique est forte et en augmentation. En 2008, les forces favorables aux homosexuels avaient réuni soixante-cinq pays pour signer une pétition prônant l’addition de l’orientation sexuelle au nombre des catégories protégées par la règle de non-discrimination. Soixante pays avaient signé une pétition hostile. En 2010, quatre-vingt cinq pays ont signé la déclaration LGBT. Les groupes régionaux représentant plus de quatre-vingt pays l’ont condamnée.
Les Etats-Unis sont-ils susceptibles de faire une grande différence sur cette question à travers le monde et à l’ONU ? Nous pouvons, comme on l’a vu, menacer les pays pauvres et cela va certainement continuer. Cependant, l’ONU ne se résume pas aux Etats-Unis et les autres pays non plus. Il n’y a pas assez de milliardaires homosexuels ou de producteurs à Hollywood pour changer les esprits à l’échelle du monde ou dans les pays où l’homosexualité est regardée comme une menace pour la santé publique et la moralité.
L’Eglise doit faire plus. Malheureusement, elle est elle-même divisée sur la question de la dépénalisation des actes homosexuels. Dans une déclaration à l’ONU, il y a deux ans, le Saint-Siège avait introduit une confusion en parlant de dépénaliser « l’homosexualité ». Il n’a pas fait la distinction entre l‘orientation ou la condition homosexuelle et les actes homosexuels. Il semble que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ait élaboré des recommandations demeurées confidentielles et ait conclu en faveur de la dépénalisation. Nous n’en avons pas confirmation. L’Eglise doit dire haut et fort que, quelle que soit la réponse apportée à la question de la dépénalisation, l’orientation sexuelle et l’identité du genre ne sauraient être placées sur le même plan que la liberté religieuse dans les Droits de l’homme. Dans ce parallèle, le perdant est toujours la liberté religieuse.
— –
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/obamas-obsession-with-sexual-orientation.html
Austin Ruse est le président de l’Institut catholique de la famille et des droits de l’Homme (C-FAM). Ses opinions n’engagent que lui et ne reflètent pas nécessairement les politiques et opinions de C-FAM.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Les « objectifs du millénaire pour le développement » des Nations Unies et l’objectif de légalisation universelle de l’avortement.
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau