La paternité catholique - France Catholique
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La justice de Dieu
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La paternité catholique

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Saint Joseph et l’Enfant Jésus (Guido Reni, 1635)

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La manière dont nous célébrons la Fête des Pères et la Fête des Mères montre la différence innée entre chaque parent. La Fête des Mères rassemble généralement toute la famille pour un moment de qualité autour d’un repas. À l’inverse, la Fête des Pères accorde au moins un petit moment pour que papa se consacre à son hobby ou à ses activiés – golf, pêche, même simplement la sieste – avec un peu de solitude. Au moins durant un petit moment de la journée, il tente de se consacrer à ses activités « en célibataire ».

Cela ne veut pas dire que les hommes ne veulent pas, ou ne sont pas heureux, d’être pères. Presque tous le sont. Ni qu’il y a quelque chose d’illégitime à ce que les pères se consacrent à leurs saines activités en dehors de la famille. Mais la façon dont est célébrée la Fête des Pères montre la tendance à la solitude présente au cœur de la nature humaine blessée par le péché originel. Dans le cas des pères, il y a bien une tension entre l’accomplissement de ses désirs et la nécessité d’en sacrifier certains, ou beaucoup, voire tous, pour le bien de la famille.

Soit on renonce à la sieste pour consoler un enfant qui pleure, soit on manque un match pour l’aider à faire ses devoirs, soit on fait des heures supplémentaires pour payer l’école, soit on saute les vacances pour financer le mariage de sa fille, les exigences de la paternité au quotidien demande que, malgré la nature blessée et l’ego, on fasse des sacrifices.

La paternité – qui consiste à éduquer, à protéger, et à pourvoir aux besoins de chaque enfant de manière active – est un choix. Vous pouvez devenir biologiquement père et ne pas choisir la paternité. Tel le Dieu des déistes qui met le monde en marche et le laisse tomber, un homme peut physiquement engendrer la vie et ne jamais prendre en compte son rôle d’éducateur.

Depuis que les pères ont un rôle essentiel dans le développement mental et affectif des enfants, le psychologue Paul Vitz a appelé l’absence des pères dans la famille « le centre de notre malaise culturel. » Ce n’est pas un mystère si certains se plaignent que les jeunes adultes ne savent pas en quoi consiste un sacrifice : tant d’entre eux n’ont jamais vu leur père montrer l’exemple.

Les catholiques ne sont pas immunisés contre les effets du péché originel ni contre les tendances culturelles actuelles. Mais nous trouvons de la part du Ciel l’aide que le monde ne peut offrir pour répondre aux devoirs de la paternité. L’Église propose en exemple de nombreux hommes qui ont choisi la paternité et sont devenus saints en l’exerçant. Plus encore, l’Église procure le moyen qui rend la paternité possible : la grâce. Bien qu’invisible et souvent ignorée, la grâce est la condition sine qua non pour être père selon l’Église catholique.

Le mariage est voulu par Dieu pour l’éducation des enfants et la sanctification des époux. Élevé au rang de sacrement par le Christ, le mariage procure la grâce dont un homme a besoin pour devenir un mari digne et un père généreux. Mais comme des statistiques déprimants le montrent, la grâce apportée par le sacrement n’est pas un moyen magique pour réussir sa vie familiale. Elle est plutôt l’arme céleste pour affronter le long combat contre la concupiscence, lequel requiert notre constante coopération pour être efficace. La grâce procure à notre volonté et à notre intelligence le pouvoir de dompter les désirs égoïstes pour le bien des nos épouses et de nos enfants, jour après jour, année après année.

Les catholiques n’ont pas besoin de regarder bien loin pour trouver un parfait modèle de grâce conduisant à la perfection la nature rebelle : la personne même de saint Joseph, patron des pères. Selon les Pères de l’Église, saint Joseph avait décidé de répudier Marie, non à cause de la culpabilité et du scandale qu’elle provoquerait, mais parce que Jeseph se croyait indigne de devenir le gardien du Sauveur. À un niveau humain, toutes les espérances que saint Joseph avait eu à propos de son mariage changèrent en un instant.

Mais par un effet d’une grâce toute spéciale, il sacrifia toutes ses attentes personnelles pour accueillir ce fils adoptif – et pas seulement au début de l’incarnation, mais bien des fois pour protéger et élever le Fils de Dieu jusqu’à l’âge adulte. En renonçant à lui-même, Joseph fut élevé à ce à quoi tout homme aspire, mais que peu atteignent.

Pour être l’icône de la paternité, de la nature transformée par la grâce, saint Joseph est le plus représenté dans les statues ou les tableaux en père jeune et fort, et non en vieil homme. Un vieil homme suggère de manière subtile un homme incapable de cette chasteté à laquelle saint Joseph a été appelé et le refus de la grâce pour lutter dans nos combats terrestres. Le robuste saint Joseph rappelle aux pères en difficulté que la grâce peut conduire nos volontés vers le bien, pourvu que nous fassions un sincère effort, demandant l’aide de Dieu à tout instant.

J’étais étudiant au lycée lorsque j’ai entendu une question posée à un prêtre âgé lui demandant s’il était content d’avoir choisi le chemin de la paternité spirituelle. Il répondit avec force : « Tous les matins quand je revêts mon col romain, je dois prendre cette décision. » C’est la même chose pour les pères de famille : chaque jour, le choix de la paternité se présente à eux sous de nouveaux chemins et sous d’inattendus challenges qui ne sont pas faciles, et parfois contraires à nos inclinations. Mais avec la grâce de Dieu, il deviennent le chemin d’un véritable amour paternel.
 


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/catholic-fatherhood.html


David G. Bonagura, Jr, est professeur adjoint de théologie au Séminaire de l’Immaculée Conception, Huntington, New York.