Nous nous réjouissons avec le diocèse d’Aire et Dax, ainsi qu’avec toute la famille vincentienne, de la béatification de cette religieuse admirable, qui fut martyrisée sous la Révolution française, pendant la période de la Terreur. Cela faisait certes longtemps que cette figure était vénérée dans la région, mais c’est l’heureux dénouement d’une procédure romaine difficile qui a permis enfin la reconnaissance ecclésiale de Sœur Marguerite Rutan. On ne peut que l’associer aux Carmélites de Compiègne dans son chemin vers l’échafaud, chantant comme elles à haute voix le Magnificat !
Est-il besoin de rappeler que l’Église en honorant une martyre de la Révolution française n’entend nullement ranimer une querelle historique et encore moins une guerre civile ancienne ? Certes, il n’y a pas lieu d’édulcorer la réalité et de cacher les mois sombres d’une persécution religieuse qui visait explicitement à l’éradication du christianisme dans notre pays. Mais les événements de la décennie révolutionnaire sont suffisamment complexes pour ne pas être réduits à leur face totalitaire. Au surplus, cette Fille de la Charité n’est pas honorée comme partisan dans un combat politique. Elle est distinguée à cause d’un héroïsme surnaturel qui lui fait surplomber la conjoncture temporelle.
La cérémonie de dimanche, si réussie, devrait rappeler l’importance de la consécration religieuse. Les centaines de Filles de la Charité réunies à Dax témoignaient de la continuité d’une trajectoire spirituelle, celle qui se réclame de Monsieur Vincent, de Louise de Marillac et de Catherine Labouré. Le nouveau siècle a besoin d’une éclosion de vocations féminines. La bienheureuse Marguerite Rutan devrait signifier l’appel pressant d’une Église qui ne peut vivre sans son charisme marial.