Il ne doit pas être impossible sur Radio Notre Dame d’esquisser quelques réflexions de philosophie et de théologie. C’est l’actualité qui nous contraint de revenir, une fois de plus, sur le mal, le mal moral qui corrode nos sociétés et multiplie les pathologies diverses. Ce n’est pas pour rien que la notion de « harcèlement moral » est devenu un leitmotiv, en ce qui concerne les relations dans l’entreprise. Mais plus généralement, c’est l’ensemble des relations sociales, familiales, professionnelles qui se trouvent grevées par des déséquilibres que diverses sciences humaines, telle la psychologie et la sociologie, essaient de mieux interpréter. Hier, j’avais abordé ce problème sous le biais des relations homme-femme, et de la « plainte » féministe quant aux rapports de domination qui pèseraient sur la condition féminine.
Je ne suis pas sûr d’avoir été bien compris, lorsque j’ai mis en cause une vision unilatérale des rapports de force, qui débouchent parfois sur une véritable névrose, à partir d’une appréciation traumatique de la société. Si nous vivons vraiment dans le monde fustigé par un certain féminisme, celui-ci est proprement invivable. Je soutiens pour ma part qu’il y a lieu de nuancer le tableau, car manifestement nous ne sommes pas constamment sous le joug de la tyrannie et de la persécution, même si celle-ci se manifeste dans bien des cas. Et j’en viens à la philosophie et à la théologie. L’existence du mal est un sujet éternel, d’autant qu’il s’agit d’un scandale insupportable. Mais le mal se définit comme une privation qui affecte la bonté et l’intégrité de l’être. En dépit de sa morsure, il y a toujours de l’être et du bien. Théologiquement, cela renvoie à la notion de péché. Depuis les origines et la rupture de l’amitié entre Dieu et l’humanité, notre condition est affectée par des désordres qui touchent la création entière, notre relation au monde, notre psychologie désaxée et nos relations chaotiques avec les autres. Mais la théologie catholique stipule que le monde est blessé par le péché, et non complètement corrompu. Et même le péché peut être subverti par la grâce, en devenant une occasion de salut. Tout cela pour dire que nos relations ne sont pas seulement névrotiques et qu’il y a de belles espérances pour l’humanité, pourvu que la grâce nous aide !
Chronique prononcée le 7 juin 2011 à Radio Notre-Dame