Pardonnez moi, mais je trouve les Américains plutôt gonflés. Non, je ne veux pas remettre en cause ici leur justice, leurs méthodes, une certaine brutalité, ne serait-ce que celle de leurs prisons. Les médias sont pleins de récriminations à ce sujet et on peut toujours discuter des mérites comparés de nos systèmes judiciaires. Non, ce que je trouve pour le moins curieux, c’est la façon dont il sont en train de nous faire la morale. Certes, nous avons quelques raisons de ne pas nous sentir très fiers en ce moment. Mais prétendre que nous aurions toutes les faiblesses pour les frasques de nos politiques, au nom du respect de la vie privée, alors que les États-Unis seraient un modèle de vigilance pour garantir les bonnes mœurs, je trouve cela fort de café !
On peut toujours disserter de la différence des mentalités entre Latins et Anglo-Saxons, entre catholiques et protestants ou encore des effets d’une civilisation puritaine. Mais il y a aussi les faits présents et passés, et même l’histoire telle qu’elle s’est écrite. Souvenons nous du président John Fitzgerald Kennedy, l’icône des États-Unis pour les années d’après-guerre, révérée autant par les Américains que par les Européens. Tout un imaginaire de légende ! Eh bien, on trouve chez Kennedy tous les traits que l’on dénonce aujourd’hui, et notamment le goût de la richesse et la manipulation des femmes. C’était à un point tel que le président était sous la surveillance constante des services secrets et du tout puissant et redoutable John Edgar Hoover, dont l’existence est un véritable roman. Un roman noir.
On me dira que Kennedy fut le seul président catholique de l’histoire des États-Unis, mais l’univers auquel il appartenait était typiquement américain. Son style de vie le mettait en danger et compromettait la sécurité des États-Unis. C’est pour cela qu’il était sous surveillance constante, afin qu’il soit protégé de lui-même et que soit protégé l’intérêt de la nation. C’est notre pauvre humanité pécheresse qui explique comment les mêmes faits peuvent se reproduire, du JFK d’hier au DSK d’aujourd’hui. Cela relativise certaines polémiques sans rien excuser, chers amis d’Outre-Atlantique !
Chronique lue le 19 mai sur Radio Notre-Dame
NB : Invitée ce matin de Radio Notre Dame, mon amie Frigide Barjot a fait à cet éditorial une objection tout à fait justifiée. Depuis Kennedy, la vigilance américaine s’est considérablement renforcée à l’égard des frasques des hommes politique. L’exemple de Clinton est sans doute le plus emblématique de cette censure qui n’accorde plus rien aux détenteurs de l’autorité ou aux candidats aux responsabilités. Dont acte ! Cependant, peut-on dire pour autant que les États-Unis seraient devenus un modèle de vertu, en face d’une Europe corrompue ? J’en doute fortement. Reste que le séisme actuel est l’occasion d’un sérieux examen qui a d’ailleurs déjà commencé, notamment chez les journalistes.