Le 11 mai 1981 - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le 11 mai 1981

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Le 10 mai 1981 a donc été célébré hier par la famille socialiste avec l’émotion qui convenait. La droite, comme c’était prévisible, a parfois réagi avec humeur à la célébration, en établissant son propre bilan du mitterrandisme. Je voudrais rajouter un mot personnel, par rapport à ce que je disais hier. Dans ma vie de journaliste, je n’ai, à vrai dire, rencontré François Mitterrand qu’une seule fois dans son bureau de l’Élysée. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais d’abord fait antichambre en compagnie de celui qu’on appelait le milliardaire rouge, Jean-Baptiste Doumeng, une vraie légende vivante ! Lorsque l’huissier est venu me chercher pour m’introduire dans le bureau présidentiel, je suis passé par le petit bureau attenant où Jacques Attali m’a transpercé de son regard, se demandant visiblement ce que cet inconnu avait à dire à son Président.

Mon face à face avec François Mitterrand commença très mal. J’avais en vis-à-vis le fameux visage marmoréen que l’on a souvent décrit, figé, énigmatique comme le sphinx. Il faut préciser que le sujet de l’entretien n’était pas vraiment agréable pour le chef de l’Etat, puisqu’il s’agissait de l’affaire de l’École libre qui s’était soldée au bout de quatre ans par une défaite et une mémorable reculade. J’étais d’ailleurs très intimidé et me demandais comment cela allait pouvoir déboucher sur une véritable question. Soudain, j’eus l’idée de lâcher le nom d’un de mes amis, que le Président connaissait bien et estimait. Mon interlocuteur se métamorphosa littéralement. Il me sourit et me livra de précieuses confidences qui me serviraient fort avantageusement pour le livre que j’étais en train d’écrire. Il s’agissait de ce que certains ont appelé l’affrontement des deux France qui s’étaient distinguées depuis deux siècles et dont François Mitterrand constituait à lui seul une étonnante synthèse. Ce n’était pas le moindre charme de cet homme si romanesque.