Le 10 mai 1981 - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le 10 mai 1981

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Le trentième anniversaire de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République se trouve amplement célébré. J’apporterai une toute petite pierre à la commémoration, puisque j’ai bien sûr moi aussi vécu l’événement et ce qui l’a suivi.

Dans ma mémoire, aux grandes réjouissances qui convergent vers la place de la Bastille, s’ajoute un brusque orage dans le ciel de Paris. La foudre traverse même le bureau de mon patron de l’époque, Philippe Tesson, dont les fenêtres étaient grandes ouvertes. Signe prémonitoire ? Peut-être, mais sur le moment, la plupart aurait bien été en peine de l’interpréter. Oui, il y allait avoir du fracas dans le monde, et pas celui dont beaucoup rêvaient encore, car ce n’était pas le grand soir de la Révolution attendue. Bien au contraire, le triomphe électoral de la gauche allait s’identifier avec le naufrage d’une certaine idée de la gauche.

Ceux qui craignaient que l’arrivée des ministres communistes au gouvernement ne corresponde à un basculement en faveur du bloc de l’Est se trompaient. Neuf ans plus tard, le bloc soviétique allait s’écrouler. Et il ne fallut pas deux ans pour que ce qu’on appelle le tournant de la rigueur, exigée par Jacques Delors, ne mette fin au programme économique sur lequel François Mitterrand s’était fait élire. Sur le terrain des idées, mai 1981 marque aussi un tournant : l’intelligentsia se détourne non seulement du marxisme dominant de l’après-guerre, mais encore de toute une mythologie de la radicalité propre à la culture française née de 1789. Tocqueville remplace Marx et même Jean-Jacques Rousseau.

Trois jours après le 10 mai, un autre événement d’ampleur mondiale ébranle la planète. Sur la place Saint-Pierre à Rome, Jean-Paul II tombe sous les balles d’Ali Agça et il échappe à la mort grâce à Notre-Dame de Fatima dont c’est la fête ! Cet autre coup de tonnerre était encore plus significatif de l’ébranlement d’un monde. Le symbole visé en la personne du Saint-Père allait se relever, signifiant l’aube nouvelle, une autre page de l’histoire. Une page qu’il nous appartient d’écrire, riche d’une expérience étonnante, celle de ma génération en tout cas !