C’est avec quelques scrupules que j’aborde aujourd’hui le scandale qui fait fureur dans les médias et qui ne cesse de rebondir. Oui ou non, les propos révélés par Médiapart, qui ont été tenus par les dirigeants de la Fédération Française de Football dans leur séance du 8 novembre dernier, sont-ils racistes ? Oui ou non, l’entraîneur de l’équipe de France, Laurent Blanc doit-il démissionner?
Première remarque de bon sens: le fait que l’on se passionne à propos de cette querelle dans notre pays montre que sur cette question du racisme les sensibilités sont à vifs. C’est plutôt à notre honneur. On trouvera peut-être que c’est une appréciation optimiste, mais si les Français étaient indifférents, ils auraient éludé. Des enquêtes sont en cours, l’État prend l’affaire très au sérieux.
Seconde réflexion. Tout de même, Lilian Thuram n’est-il pas en droit de protester à propos de gosses de douze ans, que l’on ferait rentrer dans des quotas, à cause de leurs origines ou de la couleur de leur peau ? Sans aucun doute. Mais là attention! Le même Thuram s’est fait épingler par un de ses petits camarades de l’équipe de France championne du monde pour avoir lui-même manifesté des réflexes black qu’on aurait pu interpréter comme discriminants. L’anti-racisme, comme l’a montré Pierre André Taguieff, recèle bien des pièges, ne serait-ce que celui qui enferme le débat public dans l’obsession continuelle des relations inter-raciales. Alors, prudence ! Ne montons pas le ton, ne dégradons pas le climat psychologique. Osons plutôt la fraternité, celle qui se vit de proche en proche. Nous autres catholiques, ne la vivons-nous pas dans nos paroisses avec un certain bonheur ?
Chronique lue le 9 mai sur Radio Notre-Dame