Quatre jours après la mémorable béatification de Jean-Paul II, je ne puis m’empêcher de revenir à cette journée et à tous les souvenirs qui l’accompagnent. Je n’étais pas là-bas, sur la place Saint-Pierre. Mais, comme beaucoup d’entre vous, j’ai suivi de bout en bout la cérémonie. Au demeurant, j’avais mes observateurs directs, en la personne de deux de mes enfants, qui m’ont décrit de façon précise le climat qui régnait à Rome. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’un et l’autre n’ont pas fermé l’œil. Ils avaient décidé de « dormir » au plus près de la place qui ne devait être ouverte au public que vers 5h30 du matin. Mais l’affluence était telle qu’ils ne purent y accéder. C’est donc dans la via della Conziliazione qu’ils assistèrent à la cérémonie. Ils étaient l’un et l’autre dans des groupes différents et malgré la faible distance qui les séparait, ils ne purent même pas se rencontrer. C’est dire la densité de la foule, les Polonais étaient particulièrement nombreux et exubérants.
Je me rends compte, par ailleurs, que cette béatification suscite des réactions diverses. Certains anticléricaux patentés ne sont pas contents. D’autres mettent en cause le style même d’un événement que l’on compare au mariage princier de Londres, deux jours plus tôt. Le catholicisme s’inscrirait-il un peu trop facilement dans le cadre des show médiatiques ?
J’ai souri en lisant un commentaire qui soulignait qu’en matière de mise en scène, on ne battrait jamais un dispositif où Michel Ange et Le Bernin sont toujours aux commandes. Bien sûr, on peut toujours gloser. Mais je rappelle aux râleurs professionnels que la fête est un moment privilégié de la vie sociale et que mieux vaut qu’elle soit de qualité, qu’elle ait du sens, à rebours de la festivité vide et déshumanisante dénoncée par Philippe Muray.
Quant à cet excellent confrère qui croit utile d’opposer la sainteté bernanosienne du héros de « Sous le soleil de Satan » à la glorification romaine, je lui répondrai qu’il y a aussi du spirituel, intime, à faire de la vie de Jean-Paul II. L’un n’empêche pas l’autre. D’ailleurs, Maurice Pialat a fait une sublime mise en scène sur grand écran de « Sous le soleil de Satan ».