La mort d’Oussama Ben Laden constitue-t-elle une grande victoire pour les États-Unis d’Amérique? On peut se le demander, sans toutefois minimiser l’importance de l’évènement. Une victoire, sans aucun doute. Mais après tant d’années de recherche, tant d’énergie à mener la traque entre l’ennemi numéro 1, on s’interroge sur l’étrange carence de la première puissance du monde. Ses services secrets légendaires ont été tout de même impuissants à découvrir l’homme qui l’avait humilié, le 11 septembre 2001, d’une façon qui l’avait stupéfié et interdit l’ensemble de l’univers. On conçoit un certain soulagement, on comprend moins certaines manifestations bruyantes de triomphe parce que la mort d’un homme, fut-il le pire criminel, est toujours un mystère qui suscite plus le silence que l’indécence des cris de vengeance.
Et puis surtout, cette mort marque t-elle la fin de l’organisation terroriste et du terrorisme lui-même? La plus extrême réserve s’impose aux responsables, qui, d’ailleurs mettent en garde contre d’éventuelles représailles. Justice a t-elle été faite, pour reprendre l’expression des dirigeants américains? Oui, bien sûr, puisque Ben Laden revendiquait ses crimes et qu’il ne cessait d’encourager à mettre le monde à feu et à sang. Un tel criminel devait être empêché de nuire, et même si la notion stricte de justice, telle que l’entend la civilisation, exige une procédure où le prévenu est amené à s’expliquer devant des magistrats légitimes, à porter contre lui une condamnation. Il est des circonstances où cela s’avère impossible. Il n’empêche que Ben Laden, disparu de la scène, rien ne s’arrête, tout continue. La guerre en Afghanistan dont on ne voit pas la fin, les attentats comme celui de Marakech, la semaine dernière. La violence demeure au cœur du monde, comme un monstre toujours à juguler.