Les réfugiés tunisiens ne semblent pas les bienvenus en Europe. Sarkozy et Berlusconi se sont expliqués à propos du différend qui oppose leurs deux pays depuis que des milliers de jeunes gens se sont présentés sur les côtes italiennes. L’Italie ne voulait pas les garder, d’autant que la plupart voulait partir en France. Les autorités françaises ont tenté de faire barrage à cet afflux, redoutant qu’il ne s’amplifie encore avec les processus de déstabilisation du monde arabe. Il est un peu facile de faire la leçon à Paris et à Rome, lorsque les autres pays européens restent muets, escomptant qu’ils seront épargnés par cette nouvelle immigration, indésirable pour leurs opinions publiques.
Le Pape, dimanche de Pâque, a plaidé en faveur de ces réfugiés qui « ont été contraints de laisser leurs affections les plus chères ». Comment ne pas l’entendre, alors qu’à Paris ils campent dans des jardins publics, ne bénéficiant que de l’assistance de leurs compatriotes, émus de leur détresse ? Mais il ne faut pas se cacher la difficulté du problème. J’avoue moi-même hésiter. S’agit-il d’un afflux momentané et limité qui réclame un élan de solidarité ponctuelle ? Ou avons nous à faire à un phénomène de grande ampleur, qui en ce cas, ne pourrait être envisagé que dans le cadre d’une stratégie de longue haleine ? Et dans cette seconde hypothèse, peut-on raisonnablement accepter la règle de la libre circulation des personnes et surtout de la libre installation ?
Curieusement, celles-ci sont simultanément défendues par les partisans du libéralisme économique et par certains représentants des organisations humanitaires. Je vois mal comment les États pourraient renoncer à une régulation réfléchie, dans l’intérêt même des candidats à l’immigration. La solidarité consciente ne peut se contenter de l’ouverture inconditionnelle des frontières. Le débat n’est pas prêt d’être clos.
Chronique lue le 27 avril 2011 sur Radio Notre-Dame
