En cette semaine sainte, aucune autre préoccupation ne devrait retenir nos esprits que celle de la victoire du Christ ressuscité. « La mort a été engloutie dans la victoire », écrit Saint Paul aux Corinthiens. La grâce exceptionnelle qui nous est offerte en ces jours qui nous mènent à Pâques, retient toutes les puissances de notre intelligence et de notre cœur. Pardon de le dire un peu abruptement : il n’y a donc pas lieu de porter une attention excessive aux événements d’Avignon. Nous avons beaucoup mieux à faire. Tout d’abord nous associer à l’incomparable liturgie : « Le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort, à la mort de la Croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom. »
Si nous désirons porter notre imagination sur les mystères célébrés, nous disposons des trésors de l’art chrétien pictural et musical. Certes, l’archevêque d’Avignon, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, a protesté à juste titre, contre l’offense à la sensibilité des chrétiens. Mais cette offense n’était-elle pas plutôt le fait d’une publicité tapageuse dans les rues de la ville des papes, plutôt qu’un objet qui n’aurait suscité que dédain dans l’obscurité d’un couloir de musée, témoignant du seul malaise de son auteur ? Il n’est pas sans risque d’attiser des passions jusqu’à la violence, en entraînant des jeunes qui en subiront d’éventuelles conséquences judiciaires.
On fait un peu trop appel à l’exemple des foules musulmanes, promptes à s’enflammer contre le blasphème. les provocations ne sont pas bonnes conseillères. Il vaut mieux en faire l’interprétation, en dessinant des stratégies d’attestation positive de la foi. « Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde », disait Pascal, et nous ne sommes pas prêts d’être saufs du combat de la Passion, mais il ne débouche pas sur l’affrontement généralisé, il aboutit à l’ébranlement du matin de Pâques.