LE DEPARTEMENT D’ETAT MENT SUR LE SAINT-SIEGE - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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LE DEPARTEMENT D’ETAT MENT SUR LE SAINT-SIEGE

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Cardinal Renato Martino

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Des délégations latino-américaines auprès des Nations unies ont affirmé qu’un fonctionnaire du Département d’Etat américain (ndt : le ministère des Affaires étrangères) les avait induites en erreur la semaine dernière sur la position du Vatican relative à une déclaration controversée sur l’orientation sexuelle. Selon elles, la représentante du Département d’Etat leur avait assuré que le Vatican soutenait une « déclaration conjointe » appelant à l’introduction de « l’orientation sexuelle et l’identité du genre » en tant que catégories nouvelles du droit international sur la non-discrimination. Certaines de ces délégations l’ont effectivement cru et ont signé la déclaration.

Bien entendu, le Vatican ni n’a soutenu ni ne soutient une telle déclaration et, en réalité, s’y oppose activement. De tels subterfuges contre le Saint-Siège ne sont pas nouveaux aux Nations Unies.
Au cours de la Conférence du Caire en 1994 (ndt : sur la population), le vice-président Al Gore avait rencontré la délégation du Saint-Siège afin de s’assurer que le Vatican « négocierait de bonne foi », c’est-à-dire signerait le document final et se contenterait de « réserves » sur les points de désaccord. Fort de ces assurances, Gore avait rencontré la presse et expliqué que de sa conversation avec le Saint-Siège, il était sorti convaincu que celui-ci « négociait de mauvaise foi ».

Pourquoi tout ce constant tintamarre et cette ouverte fourberie autour d’une personnalité de droit souverain, quasiment sans territoire, sans population et un simple statut d’observateur aux Nations Unies ? On est tenté de répondre d’un mot : persuasion morale. L’Eglise conserve encore une grande autorité morale qui est écoutée par les pays catholiques ou anciennement catholiques, et les non-catholiques. Tout ceci est toujours vrai. Une chaîne ininterrompue de papes d’une hauteur morale gigantesque y a beaucoup contribué.

Le Saint-Siège est également tenu pour un partenaire loyal dans la négociation parce qu’il n’entretient pas d’ambition géopolitique. Au lieu de chercher à maximiser son avantage sur d’autres pays, il tend à rechercher la justice pour tous. Le Saint-Siège, de surcroît, ne demande pas d’aide au développement, ou d’assistance militaire, ou de toute autre sorte. Le Vatican n’en prodigue pas non plus et ne s’en sert donc pas pour des buts politiques. En bref, le représentant du Saint-Siège ne constitue pas une menace.
L’essentiel, sinon l’intégralité de toute cette fourberie et cette inimitié à son égard provient du débat sur les droits et la santé liés à la reproduction. Là, la gauche pelvienne, gouvernementale et non-gouvernementale, sort ses griffes monstrueuses et ses dents nues.

Il y a plusieurs années, Jean-Paul II avait regroupé l’opposition face à l’Administration Clinton, à l’Union européenne et leurs alliés dans le monde pro-avortement. Au Caire, cette coalition avait administré une volée, sinon complète au moins à 90%. La partie adverse ne s’en est jamais remise. Elle s’imaginait pouvoir très probablement obtenir un texte explicite en faveur du droit à l’avortement. Jean-Paul II et ses alliés musulmans unis aux vieilles nations catholiques survivantes réussirent à remplir suffisamment de sièges qu’ils furent en mesure de bloquer la plupart des dispositions souhaitées par la gauche.

Cette «Alliance Profane », comme le New York Times l‘avait qualifiée (« Unholy Alliance »), n’aurait pas été possible si elle n’avait été conduite par le Saint-Siège. Les avocats du droit à l’avortement le savent si bien qu’ils n’ont cessé de batailler dur pour que le Saint-Siège soit exclu du système des Nations Unies. C’est aussi la raison pour laquelle diverses agences des N.U. ont mis en place des programmes complets pour briser les objections de nature religieuse à l’affirmation des droits sur la reproduction.
Le rôle dirigeant du Saint-Siège est plus nécessaire que jamais. De nombreux pays sont tout à fait disposés à le suivre. Ils sont même disposés à s’avancer sur le devant de la scène, à prendre la parole en premier au cours du débat et même de la manière la plus bruyante – à la condition que le Saint-Siège s’exprimera en cinquième ou en dixième position, que l’on soit sûr que le Saint-Siège parlera et sans aucune hésitation.

Le Nonce auprès des Nations Unies fut longtemps un homme appelé Renato Martino, aujourd‘hui cardinal et retiré à Rome. Martino n’était pas particulièrement apprécié des Conservateurs américains. Il s’était publiquement opposé à la guerre en Irak et avait même été jusqu’à mettre en doute la validité de nos jours de la notion de guerre juste, ce que l’on peut discuter. Mais Martino était un fieffé batailleur dès qu’il s’agissait de défendre l’enfant dès sa conception et la famille. Avec son négociateur en chef, un laïque nommé John Klink, il n’a jamais hésité une seconde. Ils réalisèrent le souhait exprimé par Jean-Paul II de bloquer le projet tendant à ériger le droit à l’avortement en droit international.

Le nouveau nonce à New York est dans la continuité du cardinal Martino. Il s’appelle Mgr Francis Chullikatt. Il appartenait déjà à la Mission du Saint-Siège sous Martino avant d’être nommé Nonce à Bagdad en 2006. Il y a vécu les pires moments. Il arriva même que sa résidence fut gardée par des blindés.

Chullikatt est un homme agréable avec une colonne vertébrale en acier. Il hérite d’une situation qui s’est largement détériorée. La santé reproductive est un argument qui bénéficie désormais d’un large consensus au sein des N.U. Même nos amis ne souhaitent plus se battre. Ils sont las. Le débat sur l’orientation sexuelle devient de plus en plus brûlant. Il est présenté comme une simple défense contre les violences dont sont victimes les homosexuels. Or il en va de beaucoup plus. En même temps, la force de persuasion de l’Eglise est affaiblie par le fléau des scandales sexuels.

Pour résumer. Les délégations aux Nations Unies sont disposées à entendre le Saint-Siège. Elles sont disposées à le suivre si le Saint-Siège prend la tête du mouvement. Le côté le plus passionnant est que c’est cette « main de fer dans un gant de velours », Chullikatt, qui est à la manœuvre. Et vous pouvez vous attendre à de nouveaux mensonges sur le Saint Siège de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne.


http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/state-department-lies-about-the-holy-see.html

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Austin Ruse est président de l’Institut pour la Famille Catholique et les Droits de l’Homme (C-FAM).