Violence et religion - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Violence et religion

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Que faire, comment agir en faveur de la paix, quand tout semble figé, lorsque la haine commande, inspirant des sentiments de meurtre, et que tout est justifié par un fondamentalisme religieux implacable? Tout d’abord, raison garder, même si c’est très difficile. Ce n’est pas parce qu’une minorité violente sème la terreur qu’il faut accuser l’ensemble d’une communauté religieuse. Et même si la situation était telle qu’un climat de guerre civile et de règlements de compte s’instaurait, il faudrait encore lutter de toutes ses forces pour échapper aux logiques meurtrières. C’était déjà, il y a 25 ans, la grande idée de Jean-Paul II. Le climat était empoisonné, les menaces d’attentats planaient déjà en Europe. Quand le pape vint en France en 1986, un service de protection impressionnant l’entourait, notamment à Lyon où la crainte d’un attentat était d’autant plus dans les esprits qu’on gardait en mémoire ce qui s’était passé place Saint-Pierre le 13 mai 1981. C’est précisément dans ces circonstances que Jean-Paul II convoqua à Assise les représentants de toutes les religions du monde pour parler de la paix et prier en faveur de cette cause essentielle.

Il y avait déjà ce terrible préjugé que la violence était liée à la religion souvent ramenée au fanatisme et à l’esprit de domination. Jean-Paul II était persuadé qu’il fallait réagir sur le terrain de l’inter-religieux car l’action proprement politique, celle des États et des instances internationales, ne pouvait suppléer à la rencontre des croyants entre eux et à leur éventuelle réconciliation en cas de conflit entre religions. Il ne fut pas toujours compris. Notamment, Mgr Lefebvre lui reprocha avec énergie de trahir l’absolu de la foi, en se compromettant dans un sommet gros de toutes les équivoques. On dit même que le cardinal Ratzinger avait conçu quelque méfiance à l’égard de cette rencontre d’Assise de 1986, discernant des risques non-imaginaires de relativisme et de syncrétisme. C’est pourtant le même Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI, qui a décidé de retourner à Assise en octobre de cette année, pour célébrer le 25e anniversaire de l’initiative de son prédécesseur. C’est donc que dans les conditions actuelles, il considère lui aussi qu’il importe d’inciter tous les religieux à s’entendre pour sauver le monde du fléau de la haine qui prend le divin et la transcendance en otage.

chronique lue sur Radio Notre-Dame le 4 janvier.