L’Europe se préoccupe donc de la liberté religieuse dans le monde ! Michèle Alliot-Marie, notre ministre des Affaires étrangères, a saisi de la question le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, avec ses collègues italien, hongrois et polonais. Il s’agirait en premier lieu d’une proclamation solennelle de la part de l’Union européenne en faveur de la liberté de religion et de croyance et d’une ferme condamnation de la violence exercée contre les personnes en raison de leur foi. C’est, bien sûr, les derniers attentats contre les minorités chrétiennes d’Irak et d’Égypte qui ont provoqué cette prise de conscience et enclenché un processus dont on espère qu’il ira à son terme dans les instances européennes. Mais ce n’est pas la seule liberté des chrétiens qui est en cause. Nous sommes bien d’accord avec Michèle Alliot-Marie qu’il s’agit de faire respecter un principe général qui s’applique à toutes les familles spirituelles et aux droits inaliénables de chaque personne dans tous les pays du monde.
L’Église catholique ne peut qu’être en accord avec une démarche qu’elle a par avance justifiée dans la célèbre déclaration de Vatican II sur la liberté religieuse. En dépit des objections faites à ce texte au nom de la primauté de la vérité, il apparaît à l’évidence que cette vérité ne vaut que si elle est reconnue et professée par des personnes dont le libre arbitre se trouve garanti contre les manipulations, les idéologies et les pulsions totalitaires. Il ne s’agit donc pas pour les chrétiens de se prévaloir d’un privilège, mais de réclamer à l’autorité publique la reconnaissance pleine et entière de l’autonomie de la conscience dans une quête de vérité exigeante. Il ne s’agit pas de promouvoir la dictature du relativisme, il s’agit de garantir la démarche la plus profonde de la raison ; qui ne se comprend pas, dans la théologie chrétienne, sans le secret de l’appel de la grâce sur chacun.
Mais il ne suffit pas de rappeler, même solennellement, un droit fondamental au demeurant déjà inscrit dans les déclarations des droits universels. Il faut promouvoir les moyens aptes à le faire respecter, là-même où il est en grave danger. C’est pourquoi on salue l’initiative de Michèle Alliot-Marie lorsqu’elle préconise une aide concrète aux minorités chrétiennes irakiennes réfugiées en zone kurde. Il est sans doute bien d’autres exemples, mais celui-là pourrait servir de modèle pour inspirer d’autres initiatives. Reste à espérer que Mme Catherine Ashton se ralliera à ces vues et obtiendra un consensus de la part de tous les États européens.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010