Ce n’est pas d’aujourd’hui que le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, traîne derrière lui un sillage de scandales de tous ordres. Ceux qui concernent sa vie privée alimentent la chronique des médias à sensation, et certains de ses adversaires, tel le quotidien romain La Repubblica, ont fondé toute leur contestation politique sur la dénonciation des relations du Cavaliere avec des jeunes filles mineures. On conçoit l’embarras de l’Église italienne, du Vatican et même du Pape face aux accusations lancées contre cet homme qui est au sommet du pouvoir. Il est hors de question d’approuver, d’excuser ou même d’ignorer le scandale lorsqu’il s’étale ainsi et met en cause la moralité de la classe politique en charge du Bien commun.
C’est pourquoi beaucoup, dans le clergé et les fidèles, trouvent la hiérarchie trop pusillanime à l’égard d’un puissant qui, par ailleurs, a l’habileté de s’opposer sur le terrain législatif à des dérives éthiques graves. L’Église officielle n’est pourtant pas restée muette. Depuis longtemps, des avertissements et des condamnations sont lancés depuis le Saint-Siège, la conférence épiscopale et des journaux catholiques aussi importants que le quotidien Avvenire et l’hebdomadaire Famiglia Christiana. Il y a quelques jours, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, s’adressait à tous ceux qui ont des responsabilités dans les secteurs administratif, politique et judiciaire « afin qu’ils fassent preuve d’une moralité plus affirmée et d’un plus grand sens de la justice et de la légalité ». Le Pape lui-même est intervenu, lors d’une audience aux fonctionnaires de la préfecture de police de Rome, invitant « les responsables publics à redécouvrir les racines spirituelles et la morale ».
Devant l’ampleur du contre-témoignage donné par le président du Conseil, certains voudraient maintenant une condamnation directe de l’intéressé, une sorte d’excommunication explicite. Affaire délicate, car ce serait peut-être, du même coup, associer l’Église à un processus politique de destitution de Silvio Berlusconi.
Hier, un prédicateur comme Massillon ne craignait pas de jeter à la face de Louis XIV son inconduite, en présence du Roi Soleil.On conçoit mal aujourd’hui une attitude analogue de la part des hommes d’Église. Faut-il le regretter ? Quel superbe charivari médiatique cela ferait ! Mais serait-ce au service de la conversion des cœurs et de la morale publique ?
Pour aller plus loin :
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- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
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