Dans le discours de vœux qu’il a prononcé lundi devant le corps diplomatique, Benoit XVI a beaucoup insisté sur la liberté religieuse. D’évidence, les circonstances commandaient le rappel de ce principe essentiel à l’organisation politique et juridique du monde actuel, alors que les chrétiens sont empêchés d’exercer leur religion dans de vastes régions du monde. Les souvenirs tout récents des meurtres accomplis contre des communautés chrétiennes à Bagdad et à Alexandrie ne pouvaient qu’appuyer le plaidoyer du Saint-Père. Dans ce contexte, la liberté religieuse consiste dans une modalité précise de la liberté d’opinion et dans l’application particulière du premier des droits reconnus dans les déclarations générales, celui qui garanti la sécurité des personnes.
Mais Benoit XVI, à la suite de son prédécesseur Jean-Paul II, porte une attention ciblée à un concept qui ne saurait être réduit à un aspect dérivé de lois générales. En effet, la liberté religieuse se réfère à l’aspect le plus essentiel de la nature humaine, celui qui définit le plus profondément la personne dans sa relation la plus décisive. Et ce n’est pas seulement dans le champ de la pensée philosophique qu’une telle relation peut-être perçue et définie. L’éclairage de la Révélation est le seul qui convienne vraiment pour comprendre ce qu’il y a d’inouï dans la dignité humaine. C’est dans le mystère de l’Incarnation qu’est pleinement mis en lumière « ce que sont la vérité, le bien, le bonheur, la vie en plénitude que chaque homme recherche consciemment ou inconsciemment ». Notre humanisme laïque est-il en mesure de comprendre que « la dimension religieuse est une caractéristique indéniable et incoercible de l’être et de l’agir de l’homme, la mesure de la réalisation de son destin et de la construction de la communauté à laquelle il appartient »? Peut-être pas, lorsque les nations pourtant constitutionnellement fondées sur les droits de l’homme font preuve de mépris, d’indifférences, voire de déni à l’égard de la vie religieuse de leurs peuples. Le Pape met en cause l’antichristianisme spécifique à nos sociétés sécularisées. Mais il met aussi en cause les dérives gravissimes d’une sorte d’impérialisme religieux qui, par exemple au Pakistan, sous la forme d’une loi contre le blasphème, lèse gravement la liberté des croyants non musulmans. La liberté religieuse, c’est la garantie absolue que ce qu’il y a de plus profond dans la liberté personnelle sera assuré, protégé et même magnifié.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- 3132-La visite du Pape en France (synthèse)
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918