Photographies prise sur le Perron de l’Elysée lors de la remise du rapport de Madame Boutin au Président Sarkozy. Elle est accompagnée du Prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, l’inventeur du micro-crédit.
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© Fikmonskov
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« De la mondialisation à l’universalisation : une ambition sociale », tel est le titre du volumineux rapport remis le 9 décembre au président de la République par Mme Christine Boutin, ancien ministre, rapport consacré à la dimension sociale de la mondialisation. Il s’agissait plus précisément de nourrir la réflexion et d’élaborer des propositions concrètes dans la perspective de la présidence française du G20. Dans ce but, la mission présidée par Christine Boutin a auditionné 150 personnalités de tous bords politiques et de toutes disciplines.
Ce travail part d’une constatation bien connue : la mondialisation n’est pas un phénomène nouveau ; certains font remonter à la Renaissance la multiplication des échanges internationaux ; interrompue par les guerres et la crise des années 1930, elle a pris un nouvel élan après la 2ème guerre mondiale. Mais depuis les années 1970, le développement du capitalisme financier a imposé une vision du libre-échange, certes créatrice de richesses, mais qui s’est accompagnée d’inégalités croissantes entre les différents pays du monde comme à l’intérieur de chacun d’eux. Il devient donc urgent de bâtir un système multilatéral juste et suffisamment légitime pour pacifier les relations entre blocs et aussi rendre possible le dialogue entre les cultures et même les religions.
A partir de ces considérations, le rapport dresse en quelque sorte le décor des transformations en cours et des orientations sociales souhaitables ; leur présentation fait l’objet de cet article. Il articule également un certain nombre de propositions concrètes qui mettent en jeu le comportement des principaux acteurs de l’économie mondiale : entreprises, Etats, institutions internationales ; on y reviendra dans un prochain article.
Jacques Lecaillon
CBoutin : "la mondialisation est dans le mur"
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Comment développer une dimension sociale partagée pour éviter l’augmentation des inégalités, des injustices et des conflits ? En réponse à cette interrogation, le rapport propose de franchir une nouvelle étape de la mondialisation en allant vers l’universalisation du monde.
Dérives de la globalisation
La mondialisation, on l’a vu, a connu plusieurs étapes. La dernière est récente puisque le rapport Boutin la fait remonter à 1989, année de la chute du mur de Berlin et du triomphe du libre-échange sur toute la planète. Le rédacteur qualifie cette nouvelle étape de « globalisation », vocable emprunté à la terminologie anglo-saxonne, pour bien marquer la rupture avec les phases précédentes. La globalisation se caractérise en effet par le passage des diverses communautés humaines à une « société de marché » ; autrement dit, le marché devient le régulateur, la référence, de toutes les relations humaines ; « la terre, la monnaie et le travail deviennent des marchandises comme les autres ».
Pourtant, cette participation commune au monde, aux échanges de biens et services avec toute la planète ne suffit pas à créer le sentiment d’une appartenance commune : globalisation et universalité ne vont pas de pair ; la globalisation engendre des relations, mais ce sont celles des techniques, du marché et de l’information, alors que l’universalité concerne les valeurs, les droits de l’homme, les cultures et les libertés. En prétendant faire pénétrer une logique marchande dans les cultures traditionnelles, la globalisation peut dès lors apparaître comme un facteur de domination, d’uniformisation et de nivellement des différences, et susciter ainsi résistances et replis sur soi.
Ces risques nous invitent à préparer une dernière étape consistant à rendre compatibles l’universel et le singulier, à « concevoir un universel qui n’écrase pas les identités culturelles ».
Du principe de commune humanité
Cette dernière étape vise à « remettre la marchandise à sa place » ; cela ne peut se faire qu’en partageant des valeurs communes à l’humanité, des valeurs fédératrices générant des liens entre les communautés humaines dans leurs diversités culturelles. Il ne s’agit pas bien entendu de rejeter l’universel puisqu’il existe des problèmes planétaires qui exigent un traitement politique commun ; mais, en vertu du principe de subsidiarité, les Etats doivent être confortés dans leur rôle de détenteurs d’une culture qui mérite le respect ; en d’autres termes, l’universalisation n’implique pas la création d’un gouvernement mondial omnipotent et omniprésent….
C’est là qu’intervient le principe de commune humanité défini comme la mise en commun des diversités culturelles ou le pari de la confiance en l’humanité qui implique le droit à l’égalité de chaque personne humaine. De là découle une double exigence :
Reconnaître la nécessité d’accorder à toute personne les conditions matérielles d’existence de base ;
Reconnaître la nécessité de poser dans chaque pays la question des écarts de richesse tolérables et le seuil au-delà duquel ces écarts sont source de fragilisation de la cohésion sociale.
Le « travail décent »
Accorder à toute personne des conditions d’existence de base, c’est lui permettre d’obtenir un revenu minimum et normalement d’avoir un travail pour ne pas le réduire à l’assistance. Une grande partie de la dimension sociale d’un pays relève donc de la problématique du travail justement rémunéré. Comme il n’y a pas de commune humanité sans reconnaissance mutuelle, il n’y a pas de participation à l’humanité sans « un travail décent », affirme le rapport, faisant écho à une déclaration de l’Organisation internationale du travail (OIT) de 1999.
La mise en place de ce travail décent repose sur trois instruments :
La lutte contre la pauvreté et le développement de l’éducation ; il s’agit de permettre à chacun d’aller à l’école en réduisant la charge financière de l’éducation pour les ménages pauvres ; en favorisant la co-responsabilité des parents et de l’Etat qui finance ; en évaluant et en rendant visibles les effets positifs d’une telle politique : baisse de la criminalité et des comportements déviants, réduction future de la pauvreté…..
La facilitation de l’accès aux outils financiers, autrement dit le développement de la microfinance. Celle-ci présente l’avantage de remettre en cause le principe de l’assistance comme unique méthode de lutte contre la pauvreté ; le soutien à la toute petite entreprise représente en effet un moyen important pour atteindre l’autonomie ; elle permet de stimuler les initiatives qui constituent l’une des voies d’accès au travail décent.
La création dans chaque pays d’un socle de protection sociale. La crise économique a aggravé les situations de pauvreté et de précarité ; l’avènement d’un système de protection collective à l’échelle mondiale fait donc l’objet d’une attention privilégiée.
Il s’agit de garantir la continuité et l’accès aux services essentiels (sécurité alimentaire, eau potable, logement, santé, éducation) et d’assurer des moyens de subsistance aux personnes pauvres et vulnérables. Le montant minimal de ce socle social venant compléter les programmes existants représenterait 3 à 4% du PIB, dont 1% pour les dépenses de santé.
Au total, le rapport Boutin affirme que le travail décent est un bien public mondial en entendant par là un bien dont nul ne peut être exclu. Mais il reconnaît que son intégration aux règles internationales du commerce pose une série de problèmes juridiques complexes. Il met également en cause la responsabilité des grands acteurs de la vie politique et économique ; ce sera l’objet d’un prochain article.
Christine Boutin était interviewée dans les 4 vérités sur France 2, le 10 décembre 2010. Elle s’est exprimée sur les propositions faites dans son rapport intémédiaire sur la mondialisation.
C. Boutin : "Nous devons passer du G20 au G25"
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