Faut-il revenir sur l’incident qui a eu lieu à Lyon, à l’occasion du 8 décembre, et qui a troublé nos amis des bords de Saône en pleine célébration de la grande fête mariale de l’Immaculée Conception ? Oui, me semble-t-il, car il y a une leçon à tirer de cette affaire. En deux mots : le quotidien gratuit « 20 minutes » exige la suppression du Je vous salue Marie dans une encart publicitaire de quatre pages commandé par le diocèse et comportant un message du cardinal Barbarin qui rappelle le sens religieux de cette fête. Du coup, le diocèse retire son encart. C’est le début d’une polémique assez rude, nombre de catholiques font savoir à la direction du gratuit qu’ils ne supportent pas cette décision assimilée à un acte de malveillance.
Les gens de 20 minutes se considèrent à leur tour agressés et tentent d’expliquer qu’ils n’ont agi que pour protéger la neutralité de leur journal. Imagine-t-on que demain ils soient contraints de publier des versets du Coran ou d’autres textes religieux ? Ils n’entendent pas ignorer, pourtant, la dimension chrétienne de la fête des Lumières. Ils en rappellent même explicitement l’origine. Alors ? Fausse querelle, malentendu ?
Il me semble qu’on peut creuser un peu plus, pour mettre à jour les racines d’un tel conflit. N’y a-t-il pas, a priori une certaine phobie ? Je prends le mot phobie dans son acception psychologique. Ce n’est pas de la haine, c’est une sourde appréhension, une crainte. Celle de manipuler une sorte d’explosif. Quoi, le Je vous salue Marie un explosif ? Oui, c’est paradoxal, mais il y a aujourd’hui un inconscient collectif qui met en garde contre ce qu’on perçoit comme potentiellement dangereux. Le fameux choc des civilisations dont nous protégerait le parapluie dissuasif de la laïcité. Surtout laisser à l’intime de la conscience le sentiment religieux et en protéger la scène publique ! C’est, à mon sens, une erreur absolue qui repose sur une méprise historique. Les Lyonnais n’ont rien à craindre du Je vous salue Marie, et « 20 minutes » non plus. Il y a ainsi des préjugés qui se dissiperont un jour…
Chronique lue le 13 décembre sur Radio Notre-Dame
