Permettez-moi de manifester un relatif agacement, une nouvelle fois, face à mes chers collègues des médias, concernant leurs réactions par rapport au livre d’entretien de Benoît XVI avec Peter Seewald. De ce livre, ils n’ont évidemment retenu que quelques lignes, à propos desquelles, ils ont pris feu et flamme.
Déjà un symptôme à analyser. D’une pensée complexe, on ne retient que quelques traits. On se dispense d’entrer dans sa logique, dans son ampleur. Bien sûr, on rétorquera que la question du sida est dramatique, que le problème de la prévention de l’épidémie est crucial, et qu’il est donc légitime de s’intéresser à la position de l’Eglise sur le sujet. Imposerait-elle ou non des interdits désastreux, qui provoqueraient des catastrophes, en empêchant l’utilisation des moyens prophylaxiques nécessaires ?
Sur ce point, d’accord. Mais je pose une simple question: pourquoi l’opinion de Benoît XVI exposée dans ce livre correspond-elle à celle que j’ai personnellement obtenue de la part des théologiens moralistes les plus autorisés, il y a plus d’un quart de siècle ? Cette opinion, je l’ai maintes fois répercutée dans des articles, des livres argumentés, sans avoir le moindre retour du côté de mes collègues, eux-même accrochés à une interdiction qui n’avait jamais été proférée par Jean-Paul II ni par son successeur. Oui, il est vrai que la pensée de l’Eglise est complexe, qu’elle ne s’intéresse pas seulement à la prophylaxie mécanique. Elle considère que c’est l’amour humain qui est en cause, dans la vérité de la relation entre un homme et une femme. Mais cela n’intéresse pas, cela n’est pas audible.
J’écoutais Jacques Séguéla expliquer hier que son ambition serait de faire la communication du Pape. Chiche, pourquoi pas, cher Monsieur, à condition que vous respectiez l’intégralité de la pensée de Benoît XVI sur l’amour humain.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 22 novembre