Tout compte fait, je me décide à dire un mot à propos de la constitution du nouveau gouvernement Fillon. On s’intéresse beaucoup aux centristes qui seraient les sacrifiés de l’affaire et on décrète d’emblée que l’équipe resserrée autour du Premier ministre n’a qu’une finalité : la bataille des présidentielles.
Certes, les centristes sont dignes d’intérêts, et l’échéance de 2012 est d’évidence dans tous les esprits. Mais avant même les considérations d’alliances et de tactiques, il me semble qu’un gouvernement est d’abord fait pour gouverner, et que, dans les conditions difficiles d’aujourd’hui, l’impératif premier est de disposer d’un attelage solide, apte à relever les défis les plus graves. Pardon, mais la situation actuelle de l’Irlande, celle du Portugal, sans oublier celle de la Grèce, qui conditionnent l’équilibre européen et même le sort de l’euro, me paraissent dominer largement les préoccupations politiciennes et les bleus à l’âme de quelques sympathiques anciens ministres.
De toute façon, Nicolas Sarkozy n’aura de chances d’être réélu que s’il démontre sa capacité à dominer la crise internationale et à conduire la France vers une nouvelle croissance économique. Nous ne sommes plus en 2007, où son succès était propice à bien des manœuvres. On pouvait alors — c’est du moins une licence qu’on s’accordait — établir la liste des ministres sur le mode d’un casting télévisuel. On n’en est plus là. Il faut une équipe solide pour décider, dans une cohérence qui ne souffre plus l’amateurisme. C’est moins amusant, mais le temps n’est plus à l’amusement. Mesdames, Messieurs, au travail !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame 17 novembre