J’écoutais l’autre soir l’intéressante émission littéraire de Franz-Olivier Giesbert sur France 2. Un débat, fort animé sur l’immigration et l’islam mettait aux prises une dizaine d’intervenants, dont Manuel Valls, le maire d’Évry, Bruno Le Maire, le ministre de l’Agriculture, et l’historien-sociologue Emanuel Todd.
À diverses reprises, le mot de laïcité fut lancé par les uns et par les autres, et j’avais le sentiment étrange qu’il était susceptible de tous les usages. Comme s’il suffisait de le prononcer pour produire une impression forte et même clouer le bec de son interlocuteur. Tantôt la laïcité c’était une certaine vision du monde surgie du siècle des Lumières, tantôt c’était un concept sociologique qui renvoyait à l’indifférence religieuse de nos contemporains, tantôt c’était une sorte d’impératif moral, rejetant dans les ténèbres extérieures le fanatisme et la superstition. Tantôt encore, c’était très explicitement l’expression d’une phobie du religieux et d’une allergie très ciblée à l’égard du christianisme. Je pourrais poursuivre encore l’analyse en débordant du cadre de l’émission de Giesbert. Tel livre que j’ai sous la main se réclame du même concept de laïcité pour marquer les limites de ce qui appartient, ou non, au domaine scientifique.
On peut sans doute établir une sorte d’analogie entre la neutralité idéologique des protocoles scientifiques et la séparation du séculier et du religieux, mais en soi, cela n’a strictement rien à voir. Faut-il rappeler que la laïcité c’est purement et simplement la neutralité de l’Etat en matière spirituelle et religieuse, neutralité qui est la condition de la liberté de conscience. Les autres acceptions sont tout simplement dérivées ou incorrectes !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 25 octobre 2010.
Pour aller plus loin :
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