L’annonce brutale de la mort de Georges Frêche, dimanche soir, m’a remis en mémoire le séjour que j’avais fait dans sa bonne ville de Montpellier en juillet dernier. Invité, en effet, des rencontres de Pétrarque organisées par « Le Monde » et France Culture, je savais qu’il avait été à l’origine de cette création, comme il l’avait été de tant de manifestations qui ont servi le prestige de la capitale du Languedoc et de la région. On a tout dit sur ce personnage intempestif, brutal parfois, mais aussi raffiné et cultivé, que même ses adversaires saluent aujourd’hui avec émotion.
Quelles étaient les convictions les plus fortes de Georges Frêche? Ce n’est pas facile de les deviner. Je me demande s’il ne prenait pas un malin plaisir à les dissimuler. Ses provocations les plus délirantes comme celles qui consistaient à ériger des statues de Lénine, et même de Staline – c’est vrai qu’il fut obligé d’y renoncer – ou encore de Mao Tsé-toung, renvoyaient-elles vraiment à un désir pervers, à la nostalgie de ne pas avoir été lui-même un de ces monstres du XXe siècle ? Je ne puis y croire. La démesure cachait peut-être une interrogation devant les abîmes de l’Histoire. Et même s’il y avait une trouble nostalgie chez lui, il y avait aussi autre chose, la volonté de faire des pieds de nez continuels au conformisme.
On sait que le même Frêche avait proféré quelques insanités à propos de Jean-Paul II. Cela ne l’empêche pas d’avoir des obsèques dans la grandiose cathédrale médiévale de sa ville. Un paradoxe de plus ? Sans doute, mais qui nous renvoie au mystère d’une âme, qui réclame aussi notre prière.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 26 octobre 2010
Pour aller plus loin :
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- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
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- A Montpellier chez Georges Frêche
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