CITE DU VATICAN, 18 OCT 2010 (VIS). Ce matin, la onzième Congrégation générale pour la Relatio Post Disceptationem (rapports après discussion) s’est déroulée en présence du Saint-Père et sous la présidence du Cardinal Leonardo Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales. Voici un large extrait de la Relatio Post Disceptationem, lue par le Rapporteur général, SB Antonios Naguib, Patriarche copte d’Alexandrie:
I. LA PRESENCE CHRETIENNE AU MOYEN-ORIENT.
« L’annonce de l’Evangile et l’annonce du Christ à tous les peuples est un devoir suprême de nos Eglises et de toutes les Eglises. Nos Eglises ont besoin d’une conversion missionnaire, pour vivifier en nous le sens, l’ardeur, l’élan et le dynamisme missionnaires… La formation missionnaire de nos fidèles, et surtout de nos responsables de la vie de l’Eglise, est indispensable… La religion ne doit pas être politisée, ni l’Etat se prévaloir de la religion… Les media modernes ont une place importante dans ce domaine. Elles fournissent un moyen puissant et précieux pour propager le message chrétien, affronter les défis qui sont en opposition à ce message, et communiquer avec les fidèles de la diaspora. Des cadres spécialisés sont à former dans ce but. Les chrétiens orientaux doivent s’engager pour le bien commun, dans tous ses aspects, comme ils l’ont toujours fait… Les situations politico-sociales de nos pays ont leur répercussion directe sur les chrétiens, qui en sentent plus fortement les conséquences négatives. Tout en condamnant la violence d’où elle vient, et en appelant à une solution juste et durable du conflit israélo-palestinien, nous exprimons notre solidarité avec le peuple palestinien, dont la situation actuelle favorise le fondamentalisme. Nous demandons à la politique mondiale de tenir suffisamment compte de la tragique situation des chrétiens d’Irak, qui sont la principale victime de la guerre et de ses suites… La liberté religieuse est une composante essentielle des droits de l’homme. Le manque de liberté religieuse est le plus souvent associé à la privation des droits fondamentaux. La liberté de culte est un aspect de la liberté religieuse. Dans la plupart de nos pays, elle est garantie par les constitutions. Mais même là, dans quelques pays, certaines lois ou pratiques en limitent l’application… La liberté religieuse n’est pas un relativisme qui considère toutes les croyances égales. Elle est la conséquence du devoir que chacun a d’adhérer à la vérité, par un choix convaincu de conscience, et en respect à la dignité de chaque personne… La liberté religieuse comporte aussi le droit à l’annonce de sa foi, qui est un droit et un devoir de toute religion… L’émigration est l’un des grands défis qui menacent la présence des chrétiens dans quelques pays du Moyen-Orient… Les causes principales de ce phénomène préoccupant sont les situations économiques et politiques, la montée du fondamentalisme, et la restriction des libertés et de l’égalité, fortement aggravées par le conflit israélo-palestinien et la guerre de l’Irak… L’émigration est un droit naturel laissé au libre choix des personnes et des familles, surtout pour ceux qui se trouvent dans des conditions éprouvantes. Mais l’Eglise a le devoir d’encourager ses fidèles à rester comme témoins, apôtres, et constructeurs de paix et de bien-être de leurs pays… Le danger qui menace les chrétiens du Moyen-Orient ne vient pas seulement de leur situation de minorité, ni des menaces extérieures, mais surtout de leur éloignement de la vérité de l’Evangile, de leur foi et de leur mission. La duplicité de la vie est plus dangereuse pour le christianisme que n’importe quelle autre menace. Le vrai drame de l’homme n’est pas qu’il souffre à cause de sa mission, mais qu’il n’ait plus de mission, et ainsi perde le sens et le but de sa vie ».
II. LA COMMUNION ECCLESIALE.
« Nous avons besoin de mieux valoriser, mieux comprendre, et mieux pratiquer l’unité de l’Eglise. Il est indispensable d’enseigner l’Eglise comme communion, dans la catéchèse, les homélies, la formation des clercs, des religieux et religieuses, et des laïcs. La communion est appelée à être d’abord affective, avant de devenir effective. Il est important de cultiver un sens profond de la communion spirituelle, de l’appartenance à une même Eglise… La communion entre les Eglises est le premier objectif et la première tâche du présent Synode… Les pasteurs doivent aider les fidèles à connaître, apprécier, aimer et vivre la beauté de la variété plurielle de l’Eglise, dans l’unité et la charité… Les relations inter-ecclésiales doivent être encouragées, pas seulement entre les Eglises sui iuris du Moyen-Orient, mais aussi avec les Eglises orientales et avec l’Eglise latine de la diaspora, en étroite union avec le Saint-Père, le Saint-Siège, et les représentants pontificaux… Il est d’une importance capitale de valoriser le rôle des laïcs, hommes et femmes, et de leur participation dans la vie et la mission de l’Eglise. Que ce Synode devienne pour eux et pour toute l’Eglise un vrai printemps spirituel, pastoral et social. Il nous faut renforcer l’engagement des laïcs dans la pastorale commune de l’Eglise. La femme, consacrée et laïque, devrait y trouver sa place et sa mission appropriées… La mission et l’œcuménisme sont étroitement liés. Les Eglises catholiques et orthodoxes ont beaucoup en commun… Un effort sincère est nécessaire pour surmonter les préjugés, mieux se comprendre, et viser la plénitude de communion dans la foi, les sacrements et le service hiérarchique. Ce synode devrait favoriser la communion et l’unité avec les Eglises sœurs orthodoxes et les communautés ecclésiales… Il a été noté que l’œcuménisme passe actuellement par une crise… Il est urgent que l’œcuménisme soit un objectif primordial dans les assemblées et les conférences épiscopales. On a proposé la création d’une commission œcuménique dans le Conseil des Patriarches catholiques d’Orient. Il faudra utiliser les media pour renforcer et vivifier l’œcuménisme ».
III. LE TEMOIGNAGE CHRETIEN: TEMOINS DE LA RESURRECTION ET DE L’AMOUR.
« Nous devons encourager tous les fidèles, mais surtout les prêtres, les religieux et les religieuses, les personnes consacrées, et les responsables de la pastorale et de l’apostolat, à suivre l’enseignement de l’Eglise, et à étudier les documents du Magistère, et préférablement par une étude commune… Un soin spécial doit être accordé à la famille, qui risque d’être ébranlée et minée par la vision relativiste occidentale et la vision non chrétienne dominante dans notre région. Les familles de religion mixte doivent être l’objet d’un soin pastoral particulier. Les manuels de catéchisme doivent compléter les lacunes et corriger les erreurs qui se trouvent ailleurs… Il a été suggéré de former une Commission pour la revitalisation et la coordination des moyens de communication dans le Moyen-Orient… Les media et la communication sont un moyen puissant pour consolider la communion. Dans nos Eglises orientales, la divine Liturgie est au centre de la vie religieuse. Elle joue un rôle important à garder l’identité chrétienne, à renforcer l’appartenance à l’Eglise, à vivifier la vie de foi. Il nous faut conserver et cultiver le sens du sacré, des symboles, et de la religiosité populaire purifiée et approfondie… Le conflit israélo-palestinien a ses répercussions sur les rapports entre chrétiens et juifs. À plusieurs reprises, le Saint-Siège a clairement exprimé sa position, appelant à ce que les deux peuples puissent vivre en paix, chacun dans sa patrie, avec des frontières sûres, internationalement reconnues… La prière pour la paix est d’une importance capitale… Nos Eglises refusent l’antisémitisme et l’antijudaïsme… Pour un dialogue fructueux, chrétiens et musulmans doivent mieux se connaître… De nombreuses initiatives illustrent la possibilité de rencontre et de travail fondé sur les valeurs communes (paix, solidarité, non violence)… Les Eglises orientales sont les plus qualifiées à promouvoir le dialogue interreligieux avec l’islam. C’est un devoir qui leur incombe de par la nature de leur histoire, de leur présence et de leur mission… Il faut éviter toute action provocatrice, offensive, humiliante, et toute attitude anti-islamique… Pour être authentique le dialogue doit se réaliser dans la vérité… L’Occident est identifié avec le christianisme, et on attribue les choix de ses Etats à l’Eglise. Tandis qu’aujourd’hui ses gouvernements sont laïcs, et de plus en plus opposés aux principes de la foi chrétienne. Il est important d’expliquer cette réalité, et le sens d’une laïcité positive, qui distingue le politique du religieux. Dans ce contexte, le chrétien a le devoir et la mission de présenter et de vivre les valeurs évangéliques… Il nous faut témoigner par la vie à chaque instant, sans syncrétisme, ni relativisme, avec humilité, respect, sincérité, et amour ».
CONCLUSION: QUEL AVENIR POUR LES CHRÉTIENS DU MOYEN-ORIENT?
« Nous devons travailler tous ensemble pour préparer une nouvelle aube au Moyen-Orient. Nous sommes soutenus par la prière, la compréhension et l’amour de tous nos frères et sœurs à travers le monde. Nous ne sommes pas seuls. Ce Synode nous l’a fait sentir très visiblement ».
SE/ VIS 20101018 (1430)
Pour aller plus loin :
- Ouverture du Synode pour le Proche Orient
- ANTONIOS NAGUIB PATRIARCHE D’ALEXANDRIE CARDINAL DE L’EGLISE UNIVERSELLE
- En vue du prochain Synode pour le Moyen-Orient
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI