Le volcan islandais, le marchand de poulet libanais, la banque de prêtres arabes - France Catholique
Edit Template
Marie dans le plan de Dieu
Edit Template

Le volcan islandais, le marchand de poulet libanais, la banque de prêtres arabes

Copier le lien

Quand le synode sourit pour mieux se faire comprendre

Le volcan islandais, le marchand de poulet libanais ou la banque de prêtres arabes : les évêques du synode sourient parfois pour mieux se faire comprendre. Cette assemblée qui ne manque pas de gravité devant des situations dramatiques rappelle aussi l’esprit de peuples toujours prêts à sourire, signe d’une force intérieure spéciale pour surmonter leurs tragédies, exorciser la peur.

Intervention volcanique

L’évêque suisse de Reykjavik, en Islande, Mgr Pierre Bürcher, au pays du fameux volcan Eyjafjöll, a fait sourire le synode du Moyen Orient – une région « chaude »-. Il espérait ne pas leur apporter le froid ! Mais bien que froide, justement, l’Islande se montre accueillante aux immigrés du Moyen Orient : « Les évêques de la Conférence Épiscopale du Nord (NBK) sont conscients avec leurs frères et sœurs au Moyen-Orient qu’en plus de la difficile situation politique et de la confrontation avec des extrémismes musulmans, un problème difficile réside en particulier dans l’émigration des chrétiens ». Il souhaite la paix et la justice pour la Terre Sainte: « La paix est la vocation urgente de la Terre Sainte! La justice pour les trois religions monothéistes est que Jérusalem soit une ville ouverte pour tous! »

Marchand de volailles

Un évêque libanais n’a pas hésité – on connaît l’humour des libanais et leur bonne humeur – à raconter une blague. A peu près ceci. Un homme va acheter un poulet. Il arrive chez le marchand de volailles. Au rez-de-chaussée on lui dit : « Les poulets, c’est au premier ». Il monte : Vous le voulez vivant ou mort ? Mort, dit-il. « Alors, c’est au deuxième » Il monte. Vous le voulez plumé ou avec ses plumes ? Plumé. « Alors c’est au troisième ». Il monte. Vous le voulez vidé ou vous le préparez-vous vous-même? Vidé. « Très bien Monsieur, c’est au quatrième ». Il monte encore. Vous le voulez entier ou déjà découpé ? Découpé. « Alors, c’est au cinquième ». Il monte. Au dernier étage il demande un poulet plumé, vidé, découpé. « Hélas, cher Monsieur, nous n’avons plus de poulet. Mais vous avez pu constater que nous sommes une maison très bien organisée ».

Faisait-il allusion à la déception des catholiques du Liban, les seuls, dit-on au synode, qui n’en attendent pas grand chose ? Non pas les pasteurs. Mais la base. Les catholiques du Liban regrettent que le synode convoqué par Jean-Paul II sur le Liban en 1995 n’ait pas porté plus de fruits. Que l’exhortation apostolique post-synodale sur l’Eglise au Liban n’ait pas fait l’objet d’une mise en œuvre plus systématique. Je me risque à décrypter. On a annoncé un synode, créant l’espérance (premier étage), puis on a élaboré un document préparatoire – des Lineamenta, deuxième étage – puis un document de travail, un Instrumentum laboris, troisième étage, puis on a enfin tenu un synode à Rome, quatrième étage. Puis le pape Jean-Paul II est venu en personne remettre son exhortation apostolique aux catholiques du pays lors de son voyage au Liban de (10-11 mai 1997). Cinquième étage. Puis, la grande faim que l’espérance avait creusée n’a pas été apaisée.

Banque de prêtres

Un autre sourire du synode a été provoqué par une proposition pour favoriser la mobilité des prêtres catholiques. Une proposition de Mgr Giorgio Bertin, O.F.M., évêque de Djibouti, mais reprise aussi par tel évêque du Maghreb : ils souhaiteraient pouvoir disposer de l’aide de prêtres d’autres régions, notamment de prêtres catholiques arabes dans les pays arabes. Mgr Bertin a suggéré de créer un mouvement de « Prêtres sans frontières », avec un bureau coordinateur. Un fidei donum plus systématique et organisé.

« Les “biens à partager” auxquels je me réfère, a dit Mgr Bertin, afin de renforcer notre témoignage de l’Évangile et l’annoncer aux musulmans sont “les prêtres”. Il peut y avoir des situations d’urgence, comme c’est le cas dans l’Église que je représente, où on n’a pas “ses propres” prêtres ou bien ceux-ci deviennent soudainement insuffisants. Pourquoi alors, au niveau du Moyen-Orient ou de toute l’Église, ne pas “partager” les prêtres que nous avons? Ceci pourrait être un développement et une adaptation aux situations actuelles de la “Fidei donum” et pourrait même donner une “bouffée d’oxygène” aussi bien aux Églises du Moyen-Orient qu’aux autres Églises, afin de vivre et de développer la dimension missionnaire ».

Il a précisé ce qu’il entendait par là : « Je suggère alors la création d’une “banque de prêtres disponibles”; c’est-à-dire qu’un certain nombre de prêtres venant de toutes les Églises et les congrégations religieuses, se rendrait disponible pour un temps déterminé: 3 mois, 6 mois, 9 mois… Ils pourraient offrir leur service en le considérant comme une période sabbatique ou comme un sacrifice fait avec générosité en faveur d’une Église ou d’un groupe de catholiques qui demandent la présence de prêtres afin de se maintenir dans la foi et de la témoigner avec humilité et courage. Ce serait là un moyen concret de vivre la “communion” entre nos Églises. Nous pourrions également appeler cette “banque de prêtres disponibles”, “Prêtres sans frontières” parce qu’ils seraient prêts à être envoyés et reçus dans de brefs délais. Pour cela, il faudra peut-être mettre en place un bureau de coordination. La banque de prêtes a eu un joli succès.

Enfin, le cardinal Roger Etchegaray a apporté une touche chaleureuse et poétique. Il voit dans les pères synodaux des mages – des sages – comme ceux de l’Evangile, venus d’Orient, en suivant l’étoile, pour adorer l’Enfant de la crèche la nuit de Noël. Mais il les invite à ne pas laisser leurs yeux fixés sur l’Occident, dont il est beaucoup question au synode. Dont le synode attend beaucoup, et spécialement de la France : la francophonie est reine dans l’assemblée. Que leur regard, suggère le cardinal Etchegaray, revienne en Orient et même se tourne vers l’Extrême Orient où la situation des catholiques n’est pas sans analogie avec celle de leurs communautés.

NB