« Il n’a pas été élu, pour décider tout seul. » C’est une réplique des « hommes et des dieux », le film sur les moines de Tibéhérine, au moment où le prieur est interpellé par un membre de la communauté. La même apostrophe vient d’être reprise par Philippe Barbarin, cardinal archevêque de Lyon, à l’adresse du maire de la ville, Gérard Collomb, qui a immédiatement intégré la formule: « tu n’as pas été élu, pour décider tout seul. » L’intéressé l’a d’ailleurs très bien pris, les relations de l’archevêque et du maire ayant toujours été des plus cordiales. Mais il y a en ce moment dans la capitale des Gaules, un véritable sujet de litige, à propos de la transformation de l’Hôtel-Dieu, un des monuments qui identifient Lyon, un peu comme la basilique de Fourvières et la grande tour de la Part-Dieu.
Créé au Moyen-Age, reconstruit plusieurs fois, l’Hôtel Dieu a toujours eu pour mission de soigner les plus pauvres dans les meilleurs conditions. Mais voilà, le bâtiment a besoin d’une rénovation intégrale dont la ville n’a pas les moyens financiers. Le maire, Gérard Collomb a donc décidé de céder le site à un hôtel de grand luxe, à partir d’un concours où sera choisi le projet le plus satisfaisant. Mais l’archevêque — et il n’est pas le seul — n’est pas tout à fait d’accord. Il désirerait qu’une part de l’Hôtel-Dieu rénové reste dévolue à sa mission traditionnelle et il a établi un plan qu’il a soumis au maire. Celui-ci fait la sourde oreille, du moins jusqu’ici, car la sortie du cardinal a une forte résonance à Lyon. Il faut dire qu’il était interrogé en tenue de jogging, à la fin d’un marathon où il avait réalisé une belle performance. L’Eglise n’est pas muette, en régime de séparation des pouvoirs, n’en déplaise à certains. Elle a sa pleine liberté de parole. Et Gérard Collomb l’admet fort bien. Affaire à suivre.
Chronique lue le 14 octobre sur Radio Notre-Dame
