« Les communautés musulmanes ici en Occident bénéficient de tous leurs droits. Pourquoi y a-t-il deux poids deux mesures ? La communauté internationale doit assumer cette responsabilité. Nous avons besoin du soutien de tous. » C’est ainsi que s’est exprimé Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk lors d’une conférence donnée hier au parlement européen, à l’initiative de la COMECE (commission des épiscopats de la communauté européenne), en collaboration avec l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) et Portes-Ouvertes.
A cette occasion, les députés européens Mario Mauro (groupe PPE) et Konrad Szymański (groupe CRE) ont demandé dans une déclaration écrite que la liberté religieuse soit prise en compte dans la politique extérieure de l’Union Européenne, de manière à ce que les accords passés avec les parties tierces incluent une clause relative au respect de la liberté religieuse. Cette déclaration devrait être discutée prochainement au parlement européen, en séance plénière. Elle devra recevoir les signatures de 380 membres du Parlement européen en trois mois pour être adoptée.
La conférence a donné la parole à des témoins de la persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde : Mgr Eduard Hiiboro Kussala, évêque du diocèse catholique de Tombura Yambio (Soudan), Mgr Louis Sako, Dr T.M. Joseph, principal du Collège Newman à Thodupuzha (Inde), et Kok Ksor, Président de la ‘Montagnard Fondation’ (Vietnam).
Konrad Szymański a rappelé que « 75% des décès liés aux crimes de haine basés sur la religion touchent des personnes de foi chrétienne, faisant ainsi des chrétiens les croyants les plus persécutés au monde. L’Europe ne peut rester indifférente. La souffrance de masse des chrétiens est un crime qui est aujourd’hui encore oublié. Nous sommes ici aujourd’hui pour rappeler aux responsables politiques les responsabilités qui sont les leurs ».
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La liberté religieuse ne va pas de soi dans le monde. Une conférence organisée hier matin au sein du Parlement européen l’a encore clairement démontré. Les chrétiens sont les premiers à souffrir de toutes ces discriminations.
La liberté religieuse est un pilier des droits de l’Homme. En dépit de cela, 70% de la population mondiale vit dans des pays où existent de sévères restrictions sur celle-ci.
Certaines de ces restrictions sont établies par la loi, d’autres sont du fait d’une hostilité sociale. Si l’on considère les pays les plus peuplés, les plus hauts niveaux de restriction sont en Arabie Saoudite, au Pakistan, en Indonésie, en Inde, en Iraq et en Iran. Dans ces pays, gouvernement comme société imposent des limites sur les pratiques et les croyances religieuses. En Chine, au Vietnam, ces restrictions sont du fait du gouvernement. Au Nigéria, au Bengladesh, il s’agit plutôt d’hostilités de la part de la société. A l’inverse, les pays les plus tolérants sont le Japon, le Brésil, Taiwan, la Pologne, le Mozambique, le Pérou, la Corée du Sud.
133 pays hostiles envers les chrétiens
Quelle qu’en soit l’origine, les chrétiens sont le groupe religieux le plus souvent visé. Ces derniers sont persécutés dans 133 pays! Avec bien sûr des niveaux de gravité différents puisque le mot « persécution » recouvre des réalités aussi différentes que les obstacles à la proclamation de sa foi, la confiscation et la destruction des lieux de culte, l’interdiction de l’éducation religieuse ou la peine de mort pour les apostats. Chaque année, 170.000 chrétiens souffrent en raison de leur foi. On estime qu’il y a même eu plus de chrétiens discriminés au cours du XXe siècle que lors des 19 siècles précédents… Cette persécution envers les chrétiens est particulièrement aiguë en Afrique du nord et dans le Moyen-Orient. Mgr Louis Sako, archevêque de Kirkuk a d’ailleurs pu témoigner de leur situation en Irak. « Il y avait autour d’un million de chrétiens avant la guerre. Aujourd’hui, ils sont environ 500.000 et leur nombre continue à baisser ». Depuis 2003, 51 églises ont été attaquées, un évêque et trois prêtres ont été enlevés puis assassinés, et près de 900 chrétiens ont été tués dans ce pays. L’archevêque craint réellement que cette communauté ne disparaisse rapidement. « La violence des extrémistes ne laisse pas d’alternative autre que se convertir immédiatement à l’Islam, quitter le pays ou bien encore payer une taxe au Jihad pour éviter la mort. » Pour la communauté chrétienne d’Irak, la guerre menée par les Etats Unis a été un désastre.
Implication internationale
L’amélioration de la situation dépendra fortement du degré d’implication de la communauté internationale. Pour les députés européens Mario Mauro (Groupe PPE) et Konrad Szymański (Groupe CRE), « la liberté religieuse doit être intégrée aux politiques extérieures de l’UE en ajoutant aux accords avec les pays tiers une clause contraignante relative au respect de la liberté religieuse ». Ils présenteront prochainement cette requête au Parlement européen.
De son côté, le Secrétariat de la COMECE a profité de cette conférence pour présenter son Mémorandum sur la liberté religieuse. Le texte contient 11 recommandations adressées au Parlement Européen, à la Commission Européenne, au Conseil et au Service Européen pour l’Action Extérieure, afin qu’ils contribuent dans la mesure de leurs responsabilités respectives à la promotion de la liberté religieuse dans le cadre des relations extérieures de l’UE.
Le Mémorandum rappelle que « Le droit à la liberté de religion est si étroitement lié aux autres droits fondamentaux que l’on peut soutenir à juste titre que le respect de la liberté religieuse est comme un « test » pour l’observance des autres droits fondamentaux ».
Ctb/PG
Pour aller plus loin :
- 9e rapport de l'AED sur la liberté religieuse dans le monde : liberté religieuse, visage authentique de la paix
- Mgr Sako : « Aidez les chrétiens irakiens à rester en Irak »
- Irak : « Nous perdons notre communauté » Mgr Sako
- L’AED, avec le patriarche des chaldéens Mgr Louis Raphaël Sako, lance une journée mondiale de prière pour la paix en Irak le 6 août 2014, en la fête de la Transfiguration
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