L’armée américaine quitte le territoire irakien et le président Obama entend réellement tourner la page d’une guerre douloureuse, inaboutie parce que sans victoire évidente et sans perspective d’avenir avérée. D’ailleurs, le président américain s’est bien gardé de crier victoire. Il n’a pas repris le propos imprudent de son prédécesseur qui avait prétendu que la mission de l’Amérique avait été « accomplie ». Comment l’aurait-il pu alors que l’Irak est à feu et à sang, profondément divisée sans qu’une légitimité politique puisse se dégager. On savait, dès le départ, que George Bush se lançait dans une aventure risquée, dont le seul résultat notable tient dans la disparition de Sadam Hussein.
Mais sans son dictateur, l’Irak se trouve en guerre civile. Et il ne suffit pas d’affirmer que l’armée irakienne va prendre le relai pour achever l’œuvre de pacification. 50 000 soldats américains demeurent sur place pour encadrer et soutenir les Irakiens. Il y a quelque chose de complètement arbitraire dans cette façon de procéder, alors que l’on sait que sans les Américains, il est probable que l’on assisterait à l’effondrement du système mis en place, d’une fragilité évidente. C’est un pari très risqué que celui qui consiste à croire que sans les Etats-Unis, les Irakiens vont pouvoir trouver la solution et que la paix va s’établir demain, de telle façon que l’évacuation complète des GI se déroulera dans les meilleurs conditions.
Décidément, le président Obama est victime de l’héritage empoisonné que lui a légué son prédécesseur avec deux guerres fatales. Car il ne faut pas oublier celle d’Afghanistan, qui apparaît aussi, pour le moment, sans issue. Ce ne sont pas les ennemis des Etats-Unis qui l’affirment, ce sont les généraux américains eux-mêmes. Dans ces conditions, Barack Obama se doit de donner d’autres perspectives à son pays. « La tâche la plus urgente, a t-il déclaré, est de remettre notre économie sur pied. » L’Amérique saura t-elle dominer son propre échec ? Le défi est considérable pour une super puissance, qui sait de plus en plus que c’est son leadership mondial qui est en cause.