Samedi 4 septembre, selon la Ligue des droits de l’homme, 100 000 personnes ont défilé en France, rassemblés dans 130 cortèges contre la politique du gouvernement, accusée de xénophobie, notamment à l’égard des Roms.
Laissons l’habituelle querelle des chiffres qui oppose la police aux organisateurs pour nous concentrer sur le fond du débat. La France est-elle en passe de devenir, suite à certains propos et à certaines initiatives, un pays de discrimination, où l’on va jusqu’à pratiquer la chasse à l’homme ? Les ministres, Brice Hortefeux et Eric Besson, ont vigoureusement contesté les slogans de la journée, en déplorant la caricature et l’outrance. Est-il vrai, comme l’afirme Eric Ciotti, secrétaire national de l’UMP chargé de la sécurité que « la France est le premier pays européen en terme d’accueil des réfugiés politiques, le deuxième au monde après les Etats-Unis »?
On est donc obligé de convenir d’un véritable dialogue de sourds. Visiblement, on ne se comprend pas et chaque parti a sa vision d’une société et d’un Etat, exemplaires pour les uns, engagés dans une spirale dangereuse pour les autres. Ces deux partis ne recoupent pas exactement le clivage droite-gauche. On est en train de s’en apercevoir de plus en plus. Les socialistes manifestent aujourd’hui leurs divisions à propos des questions de sécurité. Les maires socialistes d’un certain nombre de grandes villes ont approuvé les mesures prises par le gouvernement à l’égard des Roms.
C’est le cas de M. Rebsamen, maire de Dijon et ancien numéro 2 du PS. Il semble, dans ces conditions, que la discussion risque de s’amplifier même à gauche où plusieurs dirigeants s’affirment partisans d’un véritable changement de culture dans le domaine de la sécurité et des flux migratoires.
Sur un sujet qui déchaine les passions, il n’est pas toujours facile de raison garder. Les chrétiens eux-mêmes ne sont pas toujours d’accord entre eux. Est-il possible de déterminer ce que Jacques Maritain appellait un « juste milieu d’éminence » entre, d’une part les exigences de sécurité publique et de cohérence sociale, et d’autre part les requêtes évangéliques à l’égard du pauvre et de l’étranger?
Ce n’est pas facile, mais ce devrait être un objectif commun, si on veut que l’actuel débat ne s’enlise dans la confusion et l’incompréhension.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 6 septembre 2010