Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation

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Très importante décision de Benoit XVI, hier annoncée à l’occasion de la fête de Saint Pierre et de Saint Paul, fondateurs du siège de Rome. Un nouveau discatère est créé au Vatican: le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation. Le Pape a précisé qu’il aurait pour mission « de promouvoir une nouvelle évangélisation renouvelée dans les pays où la première annonce de la foi a déjà retenti et où sont présentes des Eglises d’ancienne fondation, mais qui vivent une sécularisation progressive de la société et une sorte d’éclipse du sens de Dieu. » Cette initiative intervient, il faut y insister, après plusieurs décennies de réflexions de l’Eglise sur ce sujet capital. Déjà le pape Paul VI, à la suite d’un synode des évêques, avait publié un texte important intitulé Evangelium nuntiandi. Jean-Paul II, tout au long de son pontificat appellera au nécessaire réveil missionnaire de l’Eglise dans les pays d’ancienne chrétienté. Benoit XVI tire la conclusion de cette réflexion en créant un organisme consacré entièrement à cette tâche qui est considérable.

On peut poser directement la question en ces termes : y aurait-il une sorte de fatalité pour les pays anciennement évangélisés à suivre un processus de sécularisation qui les conduit à l’oubli de Dieu en même temps qu’à l’effacement de la culture chrétienne, qui a pourtant façonné l’Europe depuis vingt siècles. Déjà, l’intitulé de cette question fait problème. La sécularisation n’est pas forcément la déchristianisation. D’autant qu’elle est largement le résultat de la séparation évangélique du temporel et du spirituel. Il n’est pas jusqu’à la fameuse laïcité qui ne soit d’origine chrétienne. Un Marcel Gauchet l’a démontré dans un livre qui est devenu un classique : Le désenchantement du monde. Le désentravement du temporel par rapport à une certaine sacralité s’explique par le caractère rigoureusement personnel de l’acte de foi. Le personnalisme chrétien a bouleversé la société, à commencer par les liens du mariage qui résultent désormais d’un libre consentement, à l’encontre des vieilles coutumes païennes. On pourrait même dire que la laïcité, à ne pas confondre avec le laïcisme qui est une idéologie, préserve la liberté de l’acte de foi et de l’exercice public du culte.

Il faut donc faire une distinction rigoureuse entre la sécularisation, en tant que conséquence de la distinction des domaines, et la sécularisation comme phénomène d’amnésie ou de déni du patrimoine chrétien, même si les deux éléments ont été historiquement mêlés. L’athéisme moderne a pu être défini par le cardinal de Lubac comme un drame, avec un véritable caractère de possession, ou l’athée prétend affranchir sa liberté mais développe surtout la pathologie de son refus. Mais l’histoire est complexe. L’agnosticisme n’est pas l’athéisme. Il est indifférence au sens suprême de la vie, et il est lié, de nos jours, à une forme d’individualisme éclaté, ou le sujet n’a plus la maîtrise de sa propre liberté. Hannah Arendt a écrit un jour qu’elle n’avait rien trouvé de décisif dans la négation de Dieu à l’âge des lumières. Il n’empêche que nous vivons toujours de cet héritage du déni, auquel la nouvelle évangélisation oppose, positivement, le mystère de l’homme que Dieu, dit saint Augustin, a créé explicitement pour Lui !

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 29 juin