A 10 h 45 ce mardi 29 juin, férié à Rome, qui fête ses saints patrons, les apôtres Pierre et Paul, le Pape a remis la « pallium » à l’archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr André-Joseph Léonard. Parmi 38 archevêques métropolites de différents continents.
C’est la tradition le 29 juin. C’est aussi la tradition qu’une délégation orthodoxe, de Constantinople, soit envoyée par le patriarche œcuménique. Rome fait de même pour la fête du saint patron de l’Eglise de Constantinople, saint André, frère de Pierre, le 30 novembre.
André frère de Pierre. André-Joseph Léonard ami de Joseph Ratzinger, de longue date. Soutenu par lui, fait sans précédent, dans une lettre personnelle, au lendemain de la perquisition, elle aussi sans précédent, au siège de Malines, le 24 juin. Les deux théologiens qui sont aussi des pasteurs se connaissent, s’apprécient, sont liés par une grande affection.
Benoît XVI tient à ce signe ancien du pallium. Il l’a voulu sur son blason et sur son médaillon en mosaïque à Saint-Paul-hors-les-Murs. Il en a expliqué la signification lors de son intronisation, le 24 avril 2005, en soulignant notamment que la laine des agneaux avec laquelle ils sont tissés représente « la brebis perdue ou celle qui est malade et celle qui est faible, que le pasteur met sur ses épaules et qu’il conduit aux sources de la vie ».
Mais aujourd’hui, le Pape a centré son homélie sur la liberté de l’Eglise. Liberté garantie par le Christ. Liberté éprouvée par les persécutions : le XXe siècle et ses idéologies meurtrières n’a-t-il pas fait plus de martyrs de la foi que les 19 siècles précédents ? Liberté éprouvée surtout, à l’intérieur, par les liens du péché. Le pape résume ces deux dangers pour la liberté de l’Eglise dont le Christ l’a protégée depuis 2000 ans: « Il y a une garantie de liberté assurée par Dieu à l’Eglise, liberté à la fois par rapport aux liens matériels qui cherchent à empêcher sa mission ou à lui imposer des contraintes, et par rapport aux maux spirituels et moraux qui peuvent corroder son authenticité et sa crédibilité ».
La communion avec le Successeur de Pierre, symbolisée par le pallium, est l’un des remparts protégeant cette liberté des pasteurs et des communautés. Comment ne pas penser aux pays où des régimes politiques créer des Eglises « nationales » : « Au plan historique, l’union avec le Siège apostolique assure aux Eglises particulières et aux conférences épiscopales la liberté face aux pouvoirs locaux, nationaux et supra-nationaux qui peuvent dans certains cas constituer un obstacle à la mission ecclésiale ».
Mais le pape pense à un danger plus insidieux : « Plus essentiellement, le ministère pétrinien est garantie de liberté dans le sens de la pleine adhésion à la vérité, à la tradition authentique, de façon à ce que le peuple de Dieu soit protégé des erreurs concernant la foi et la morale ».
Venir recevoir le pallium, c’est donc, pour Benoît XVI, un « geste de communion » et « le thème de la liberté de l’Eglise en offre une clef de lecture particulièrement importante ». Le pape mentionne à la fois les Eglises « marquées par les persécutions ou soumises à des ingérences politiques ou d’autres dures épreuves ». L’archevêque de Hanoi reçoit le pallium. Et plusieurs archevêques africains, et de Madagascar. Mais c’est aussi important, ajoute le pape, pour les communautés qui « souffrent de l’influence de doctrines trompeuses ou de tendances idéologiques et pratiques contraires à l’Evangile ».
« Le pallium devient dans ce sens gage de liberté ». Ce n’est pas tout. Benoît XVI voit une analogie entre cette bande de laine blanche marquée de croix de soie noire portée sur les épaules qu’il remet aux archevêques métropolitains chaque année et le « joug » dont par le Christ dans saint Matthieu : « De même que le commandement du Christ – tout en étant exigeant – est « doux et léger », et au lieu de peser sur celui qui le porte, le soutient, de même le lien avec le Siège apostolique – bien qu’exigeant – soutient le pasteur et la portion de l’Eglise qui est confié à ses soins, en les rendant plus libres et plus forts ».
L’unité de l’Eglise. Le Saint-Siège ne vient-il pas de publier une note dissipant les incompréhensions entre le cardinal Sodano et le cardinal Schönborn, reçu par le Pape lundi matin, ou pour soutenir l’ancienne gestion de la Propaganda fide, tout en reconnaissant « des erreurs » ? « Les divisions, déclare le Pape, sont les symptômes de la force du péché, qui continue à agir dans les membres de l’Eglise encore après la rédemption. Mais la parole du Christ est claire : « Non praevalebunt – elles ne l’emporteront pas ». »
Unité à l’intérieur de l’Eglise catholique, et unité des chrétiens : « L’unité de l’Eglise est enracinée dans son union avec le Christ et la cause de la pleine unité des chrétiens – qui doit toujours être recherchée et renouvelée de génération en génération – est aussi soutenue par sa prière et sa promesse. Dans la lutte contre l’esprit du mal, Dieu nous a donné en Jésus « l’Avocat » de la défense, et après sa Pâque, « un autre Paraclet », l’Esprit Saint qui demeure avec nous pour toujours et conduti l’Eglise à la plénitude de la vérité, qui est aussi la plénitude de la charité et de l’unité ».
Au terme de la célébration, Benoît XVI est allé se recueillir auprès du tombeau de Pierre, accompagné de l’envoyé du Phanar, S. Em. Gennadios (Limouris), métropolite de Sassima.
NB