Haïti : Le Père de l’épicentre - France Catholique
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La justice de Dieu
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Haïti : Le Père de l’épicentre

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Le 12 janvier, qui peut encore l’ignorer, l’horreur frappait Haïti en un tremblement de terre sans merci. C’est toute la grande région de Port-au-Prince qui a été touchée. L’épicentre, lui, se trouvait à Léogane maintenant détruite à 90 %. Léogane n’était pas une région très nantie, donc sans grands immeubles, mais la destruction n’en est pas moins cruelle parce que ce sont de petites habitations de blocs en béton qui se sont effondrées, réduites en poussière.

Tout près de Léogane, se trouve une petite ville de 5 000 habitants, très modeste également. Au milieu d’eux, l’église en construction et son curé, le père André. Le père André respire la bonté, le souci de ses brebis, mais son deuil est lourdement inscrit sur ses traits tirés. Il était dans sa chambre au presbytère au moment du séisme, en 5 secondes tout s’est écroulé et il s’est retrouvé prisonnier des décombres d’où il a été extirpé deux heures plus tard. Il s’est mis à la recherche des siens, de sa sœur qui travaillait avec lui à l’école et de son neveu. Les deux sont décédés. Impossible de faire des funérailles habituelles, pas de cercueil, même pas un sac en plastique pour mettre les corps. Ils sont enterrés dans la cour, derrière l’endroit où se tenait jadis le presbytère. La cuisinière du presbytère, elle, portera pour toujours le souvenir du séisme, cicatrice qui lui lézarde le côté du visage.

L’église en construction doit être complètement démolie, les poutres de soutènement s’étant tordues sous les secousses. Seule la tôle ondulée du toit pourra être récupérée. L’école du village est également détruite et les enfants étudient sous une bâche.

Tout est difficile, tout, tout, tout : se nourrir, avoir accès à l’eau potable, dormir dans des tentes où l’air est irrespirable, tant c’est chaud et humide. Et, encore, ils ne sont pas dans un camp. Ils ont un peu d’espace, ce qui est un luxe comparativement à des milliers de personnes qui s’entassent, comme des bêtes, dans les camps de déplacés.

Malgré tout, ce qui frappe c’est que la vie a repris ses droits. La vie a supplanté la désolation. Les Haïtiens sont souriants, accueillants et expriment tout haut leur gratitude d’être en vie. Ils prient devant les ruines de leurs églises et rendent grâce pour les merveilles que Dieu accomplit. C’est un choc et une grande leçon pour tous les étrangers qui ont le privilège de se joindre à eux.

Le père André est grandement affecté, il est en deuil, désemparé, mais pour rien au monde il ne veut quitter sa paroisse. Il a son bureau dans une tente où l’on a pu entasser ce qui a été récupéré comme registres et vases sacrés. Il dort dans la tente d’à côté, mais sa santé commence à en souffrir. Tout près, on continue les cours de préparation au mariage, les célébrations du dimanche et tout le monde met la main à la pâte. Il faut constater que la vie aussi est une force naturelle inébranlable.

1. Nom fictif, afin de respecter l’intimité de cette personne affectée par le séisme.