Paris et la guerre d’Algérie, une mémoire partagée. Actes du colloque du 19 mai 2009* - France Catholique
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Paris et la guerre d’Algérie, une mémoire partagée. Actes du colloque du 19 mai 2009*

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* organisé par l’Espace parisien Histoire Mémoire Guerre d’Algérie.

INA, ONAC, 2010, 64 pages.

Ce colloque organisé par la FNACA de Paris, avec le concours de l’ODAC et des autres associations de combattants, dont l’UNC, présentait la particularité d’être animé par un journaliste, Jean-Pierre Farkas, ancien combattant lui-même, qui posait de bonnes questions, mais de façon directive, pas toujours favorable au dialogue.

L’ambition exprimée était de créer un Espace Histoire Mémoire partagée, avec la participation d’universitaires qui ont mis en lumière certaine données du conflit algérien :

– la personnalité des 9 chefs historiques du FLN, et la confiscation du pouvoir par les militaires, selon G.Meynier,

– une armée françaises unie dans le combat, selon JC Jauffret,

– les discours contradictoires du général de Gaulle, et la scolarisation en 1961 de deux tiers des enfants musulmans selon D.Lefeuvre,

– les décolonisations ratées selon Fr Lantheaume.

Plusieurs points de vues auraient mérité la discussion (l’absence d’occasions manquées, le système non réformable, les experts non suivis, les buts de guerre de Soustelle à Delouvrier). La relation entre Paris et Alger fut fluctuante au cours des siècles, elle ne se limite pas aux années cinquante et doit se lire sur la longue durée.

Certains désaccords n’ont pas été aplanis :

– Le colloque a été précédé d’un Bulletin qui énonçait des contre vérités : 30.000 morts dans la guerre, 150.000 musulmans rapatriés, une guerre coloniale reconnue seulement en 1999.

– Cette idée de conflit colonial a été reprise dans l’Introduction anticolonialiste de l’adjointe au maire, mettant l’accent sur les massacres de l’armée en mai 1945 sans évoquer les violences des manifestants, ignorant que les combattants ont été confrontés à la guerre dès le 20 août 1955, reconnaissant la complexité de la situation, mais rejetant les aspects positifs de la colonisation (une politique de progrès selon Henri Brunschwig, une idéologie républicaine selon Victor Hugo et Léon Blum).

L’exposé de la représentante de Radio-Beur, se référant à des historiens militants (manifestation du 17 octobre 1961) a été jugé antifrançais par les harkis de Paris, les grands oubliés du colloque.

Les officiers présents ne se sont pas reconnus dans l’image qu’en a présentée FC. Jauffret (voir texte joint). Les témoignages d’un appelé et d’une fille de harkis, recueillis 50 ans après les faits, auraient mérités d’être confrontés à des documents et recoupés par le témoignage des camarades et des chefs responsables. La confrontation a cependant eu lieu entre le descendant des professeurs assassinés à Château Royal, et le représentant de Recours France.

Le souci de recueillir des points de vues différents est heureusement exprimé par le professeur du lycée Buffon, ce qui confirme que la mémoire partagée est une illusion. Les mémoires sont par définition unilatérales et parcellaires, les souvenirs restent imprécis et infidèles quand ils ne sont pas oubliés, noircis ou embellis.

La guerre mémorielle ne fait pas avancer l’histoire. Sans doute les autorités de l’Etat peuvent-elles commémorer le courage et le sacrifice de ceux qui nous ont précédé et qui ont incarné les valeurs de la Nation. Mais c’est le devoir d’histoire qui s’impose, de sorte que les chercheurs révisent les interprétations de leurs devanciers et mettent peu à peu en évidence la désinformation des médias et des idéologues.