Israël dans le piège - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Israël dans le piège

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Comment raison garder dans les circonstances actuelles ? Israël s’est mis incontestablement en difficulté, à tel point que son isolement sur la scène diplomatique pose des problèmes sérieux à son gouvernement et même à ses amis. Il ne faut pas sous-estimer la dimension géostratégique de l’incident dramatique au large de Gaza, car c’est la Turquie qui se trouve la première concernée dans le déploiement médiatique et diplomatique qui a suivi. Israël avait avec Ankara des relations privilégiées sur le terrain militaire depuis 1990. Voilà que le Premier ministre turc dénonce maintenant « le terrorisme d’État israélien » et s’emploie à faire condamner l’État hébreu par le conseil de sécurité des Nations Unies. L’ami d’hier est-il en train de se transformer en adversaire implacable, pour occuper une place nouvelle dans l’échiquier international et le monde musulman ? Beaucoup pensent que les Israéliens sont tombés dans un piège. Ce piège s’appelle Gaza, cette bande désertique impossible, à l’origine de leurs pires déboires actuels.

La situation de Gaza ne peut pas se prolonger, c’est l’intérêt le plus évident d’Israël, même s’il est vrai que l’on voit mal comment déserrer l’étau qui rend pour le moment impossible un règlement politique raisonnable. On sait comment l’autorité palestinienne se trouve piégée entre Israël et le Hamas qui semble ne plus pouvoir être exclu du jeu. La solution ne peut-être que politique, et les Israéliens ne pourront changer la donne, avec leurs seuls moyens. Il n’y a pas longtemps, à propos de la controverse provoquée par le dernier livre de Régis Debray, j’ai signalé que pour son interlocuteur Élie Barnavi, la seule intervention de Washington, et en l’espèce du président Obama, était susceptible de débloquer la situation, en obligeant les Israéliens à arrêter le processus de colonisation et à envisager enfin sérieusement l’installation d’un véritable État palestinien.

Si ce tournant politique ne se produit pas, je crains beaucoup un emballement de la violence et des révoltes. Je crains aussi une montée en puissance des ressentiments idéologiques dans le monde. Il y a d’une part la situation insupportable faite aux Palestiniens, qui ne saurait profiter sur la durée aux Israéliens, plus que jamais déstabilisés par ce que Claude Lanzmann appelle leur « insécurité ontologique ». Il y a, d’autre part, les phénomènes idéologiques. Lorsque Régis Debray dénonce la dénaturation du sionisme qui rend aveugles les Israéliens sur leur propre sort, Pierre-André Taguieff, qui publie lui aussi un nouveau livre, dénonce une propagande anti-juive, sous les habits neufs de l’antiracisme et de l’anticolonialisme. Et cela en liaison avec une propagande islamiste qui exige la fin de l’État juif. Je me trouve ainsi, personnellement, pris entre deux feux, écoutant les arguments contradictoires de mes amis Debray et Taguieff. Et je me dis qu’il faut s’en sortir au plus vite, sortir aussi du piège idéologique, pour recréer les conditions de la pacification des esprits. Est-ce possible ? Il faut avoir l’espérance chevillée au cœur et au corps, pour y croire aujourd’hui.

Chronique sur Radio Notre-Dame, le 1er juin

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Rappel : le dernier livre de Gérard Leclerc :

http://www.blog-laprocure.com/chroniques-de-nos-libraires/l%E2%80%99eglise-et-la-pedophilie-de-gerard-leclerc/

http://www.oeuvre-editions.fr/L-Eglise-face-a-la-pedophilie