La semaine dernière, je vous entretenais des solidarités humaines à tous les niveaux. Aujourd’hui, je réagis à ce qui fait des tempêtes en Grèce mais qui n’est pourtant pas au centre de la crise en laquelle ce pays nous entraîne. Dans son projet de budget d’austérité et de redressement, le gouvernement grec envisage de taxer les biens ecclésiastiques, il s’est produit une lame de fond qui ébranle la société.
De mon point de vue de Sirius, qui est aussi le vôtre et qui ne nous engage pas beaucoup, je pourrais dire : c’est normal l’Eglise est solidaire du peuple dans lequel elle est immergée. Allons-y, taxons. N’est-ce pas porter a priori un jugement négatif sur l’Eglise grecque ? Non seulement, nous ne savons pas ce qu’elle fait pour les pauvres et avec quels moyens, mais surtout nous ignorons la plupart du temps la place de cette Eglise dans la douloureuse et longue histoire de la Grèce au temps de l’occupation ottomane. Si la Grèce a gardé son âme, elle le doit à la force de conviction et de charité des membres de cette Eglise pendant des siècles. L’Eglise, en Grèce, ce n’est pas comme en France, à aucun point de vue. Cela dit, il y existe un fort courant en faveur d’un découplage de l’Eglise et de l’Etat.
De quel droit serais-je un donneur de leçons ? Au non de la charité et du discernement de l’Esprit. Car, en fait, les réactions à ce projet de taxe gouvernemental des biens ecclésiastiques sont très diverses. Il y en eut d’outrées, y voyant une menace contre l’Eglise. Il y en a de plus réfléchies, soulignant la nécessaire solidarité de l’Eglise avec le peuple hellène comme elle a toujours existé au long de l’histoire.
La leçon à donner s’arrête là : solidaire au plan social et économique de ce malheureux partenaire européen, je le suis également de son Eglise comme chrétien. Je prie pour que l’amour de Dieu et du prochain prime sur toute autre considération dans la réponse que l’Eglise fera au projet gouvernemental. Je ne peux guère faire plus que m’unir à la prière de cette Eglise et de toutes les Eglises pour que, en ce dimanche d’effusion de l’Esprit saint, dimanche de Pentecôte, l’Esprit inspire à ceux à qui il appartient de décider de bien décider. Qu’ils puissent dire comme les Apôtres : « L’esprit Saint et nous, avons décidé que… » Une telle décision sera à la gloire de l’Eglise grecque.
Voici donc une occasion de souligner que l’œcuménisme aujourd’hui est une des dimensions de l’Eglise. Si une Eglise souffre, toutes les Eglises souffrent. Les décisions de chaque Eglise doivent prendre en considération le témoignage qu’elle donne avec les autres Eglises à un monde que, toutes ensemble, elles ont mission du Seigneur d’évangéliser.
