Politique et religion (à propos d'Henri IV) - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Politique et religion (à propos d’Henri IV)

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Si Henri IV est si populaire dans notre pays, il le doit largement à sa réputation de pacificateur et l’Édit de Nantes est resté une réponse à un acte de réconciliation nationale, plus encore un modèle qui préfigurerait l’idéal d’une societé pluri-religieuse apaisée. Pourtant, Henri, avant d’accéder a la couronne de France avait lui-même participé à la guerre civile en tant que chef de parti. On s’interroge sur son opportunisme religieux ou confessionnel, s’il est vrai que « Paris vaut bien une messe. » Peut-être devrions- nous être plus attentifs à la complexité de l’époque. C’est pourquoi je profite de la présence de Jean-Christian Petitfils, pour lui poser la question : ce qu’on appelle » guerres de religions » désigne-t-il un conflit de nature strictement religieuse, dans une Europe déchirée par la rupture de la Réforme ?

Je ne sais si notre historien a lu l’essai du théologien américain, William Cavanaugh, intitulé « Le mythe de la violence religieuse ». J’en avais déjà parlé aux auditeurs de radio Notre-Dame parce que ce livre me paraît essentiel et constitue un sérieux pavé dans la mare. Il est entendu aujourd’hui que ce sont les religions qui constituent le principal facteur de déchaînement de la violence. Il y a quelques années, un historien, au demeurant estimable, et ancien ambassadeur d’Israël en France, écrivait un autre essai au titre ravageur « Les religions meurtrières ». Sa thése a été facilement acceptée, tant il semble incontestable que c’est l’unique fanatisme religieux qui provoque les guerres, le terrorisme et déstabilise la paix civile en opposant les croyants les uns aux autres, parce qu’il ne partagent pas le même dogme.

C’est une autre idée reçue que l’État moderne, notamment avec Henri IV, a établi la paix civile en affirmant son autonomie par rapport à la foi religieuse. C’est de là que serait sorti le concept de séparation de l’Église et de l’État, qui ne sera inscrit dans la loi française qu’en 1905. Précisément William Cavanaugh bouscule ces belles certitudes en montrant que les fameuses guerres de religion étaient d’abord des luttes politiques, où la foi était instrumentalisée par les Etats qui montaient en puissance dans l’Europe du seizième siècle, en jugulant les particularismes féodaux. La même religion se trouvait accaparée par les opposants à la toute puissance de l’État, qui trouvaient en elle une sorte d’identification idéologique au sens marxiste du terme. Ainsi, la noblesse en France s’est-elle massivement identifiée à la Réforme, par opposition au pouvoir royal qui était catholique. Le dossier historique de Cavanaugh est à contre-courant mais il fait réfléchir, lorsqu’il montre notamment que, dans un grand nombre de cas, les alliances se font entre catholiques et protestants pour lutter contre un ennemi commun, catholique ou protestant.

Donc, le politique et le religieux sont inextricablement mêlés dans cette affaire où le fanatisme a bon dos. J’aimerais que Jean-Christian Petitfils nous dise ce qu’il pense de la thèse de William Cavanaugh. Faut-il revoir le concept de guerre de religions ?

Pour écouter la Réponse positive et argumentée de l’intéressé, écoutez l’émission du 17 mai sur Radio Notre-Dame.

http://www.radionotredame.net