L'Europe, la Grèce, la Crise... - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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L’Europe, la Grèce, la Crise…

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N’ayant aucune compétence particulière en économie, je me garderais bien de venir faire la leçon aux responsables européens qui assument la charge plutôt redoutable de gérer la tempête qui s’est abattue sur nous et qui a provoqué de leur part les décisions que l’on sait. Pourtant, même non spécialiste, la situation me pose des questions qui relèvent, soit du bon sens, soit d’interrogations générales qui concernent tous les citoyens.

De ce point de vue, je ne puis m’empêcher de formuler aujourd’hui trois simples remarques. D’abord à propos des médications sévères imposées à nos amis grecs. Les accepterions-nous pour nous-même ? Manuel Valls, reponsable du parti socialiste, explique, sans pouvoir être contredit, qu’il faudrait imaginer qu’en France les salaires des fonctionnaires soient réduits de 25%, que l’âge légal de la retraite, d’un jour à l’autre, augmente de sept ans, qu’on ajoute deux points de TVA…

La discussion est d’ailleurs féroce. Est-on en train d’appliquer à la Grèce la déflation que Pierre Laval imposa à la France avant-guerre et qui s’avéra d’ailleurs un fiasco total ? N’est-on pas en train de saborder un peu plus l’économie grecque, en la mettant dans l’impossibilité de rebondir ? Toutes les solutions habituelles, lui sont interdites : la dévaluation et l’inflation dite compétitive.

Encore une fois, n’étant pas spécialiste, je laisserai la question en suspens. Mais il y a tout de même une logique élémentaire dans tout cela. Si nous n’étions pas capables nous-même d’adopter des solutions drastiques que nous imposons à nos partenaires, il ne faut pas s’étonner de la révolte qui couve à Athènes et pourrait provoquer bien des drames. Par ailleurs, on impute à cette même Grèce un budget militaire beaucoup trop important pour ses finances. Mais ne nous sommes pas là encore en pleine inconséquence ? Jean-Dominique Merchet a coutume d’expliquer que la Grèce est avec la France et l’Angleterre, le seul pays à faire l’effort nécessaire dans ce domaine, alors que les autres puissances préfèrent se reposer sur le parapluie de l’OTAN et des Etats-Unis. L’Europe va-t-elle renoncer aux impératifs de sa propre défense ? C’est une inconséquence de plus, en tout cas dans le débat européen.

Troisième remarque. On semble brusquement découvrir que le continent européen est en pleine décroissance démographique et que son poids politique et économique en sera de plus en plus gravement affecté. La belle découverte ! J’ai déjà rappelé ici-même les prédictions de l’historien Pierre Chaunu, qui avertissait, dès les années 70 les politiques en les plaçant devant leur responsabilités. L’Europe vieillit, elle vieillira de plus en plus. D’ailleurs, elle ne trouve plus que dans l’imigration les ressources propres à compenser un déficit vertigineux de jeunesse.

L’Europe aligne des milliards d’euro pour organiser sa défense économique et financière. Que fait-elle pour conjurer son déclin démographique, qui conditionne entièrement son avenir ? L’Europe est face à des échéances cruciales qui imposent des mesures immédiates. Mais elle n’échappera pas à des questions plus fondamentales, celles qu’elle tarde à se poser et qui la rattraperont très vite.

Chronique à Radio Notre-Dame du 11 mai 2010