Il n’est évidemment pas trop tard pour saluer le cinquième anniversaire de l’avènement de Benoit XVI. Célébrer cet événement m’est d’autant plus agréable que les médias, ces temps-ci se sont particulièrement fait remarquer par leur sottise, leur vulgarité, et surtout par leur ignorance à l’égard de notre pape. Pourquoi a-t-il fallu encore que Le Monde aille chercher un Hans Küng pour qu’il dénigre son ancien collègue de Tübingen et appelle l’épiscopat mondial à réclamer un nouveau concile, afin de contrer un pontificat, à ses yeux insupportable ?
Evidemment, c’est le silence qui lui répondra, les évêques du monde entier étant solidaires collégialement du premier d’entre eux. Il ne faut pas s’y tromper. L’actuelle surenchère médiatique, qui impressionne tellement les esprits faibles, paraîtra dérisoire dans quelques années, et lorsqu’on fera le bilan de Benoit XVI, on s’apercevra qu’après Jean-Paul le grand, l’Eglise a été dirigée par un personnage de premier ordre, dont la marque restera profonde dans l’histoire.
Comme journaliste, on me permettra d’interpeller mes propres collègues. Déjà il y a 5 ans, il était patent que l’ignorance à l’égard de la personne et de la pensée du nouveau pape était accablante. Je m’en rendais compte dans toutes les salles de rédaction où je pouvais accéder. Je rappellerai pour mémoire la honte de ceux qui se sont laissés entraîner dans cette opération sordide. On a été jusqu’à imputer au pape allemand une formation dans les jeunesses hitlériennes. Ignominie, répliquait le cardinal Lustiger. Mais il fallait bien compenser ses carences par l’affirmation péremptoire de tous les clichés attachés à la personne de l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. La fable la plus répandue – et Hanz Küng n’y était pas étranger – voulait qu’après avoir été progressiste à Vatican II, Joseph Ratzinger était devenu réactionnaire dans la foulée de 1968, effrayé par la révolution qui s’était emparée de sa propre université en Allemagne. Tout cela est évidemment fantaisiste, mais la fantaisie est l’article de commerce le plus répandu dans nos milieux.
Pour qui a étudié un peu sérieusement l’œuvre du théologien depuis ces commencements, il est patent que le disciple de saint Augustin n’a jamais cessé de développer une pensée dont la cohérence organique correspond tout à fait à ce que le cardinal Newman* – que Benoit XVI béatifiera en septembre 2010 en Grand-Bretagne – entendait que la tradition ecclésiale et le développement organique du dogme qui lui correspond. Associé à la rédaction des textes les plus importants de Vatican II, Joseph Ratzinger était d’autant plus à même, à la Congrégation pour la doctrine de la foi et sur le siège de Saint Pierre, d’illustrer la profondeur et l’actualité du message chrétien.
L’enseignement qu’il nous a donné en 5 ans impressionne par son ampleur, sa profondeur. Oui, l’Eglise est fermement conduite dans le sillage de l’évangile, dans le développement harmonieux de ses richesses selon l’Esprit. A l’heure où nos civilisations sont tentées par un nihilisme qui corrode toutes nos valeurs d’humanité, la barque de Saint Pierre, malgré le tangage, tient ferme, entrainant à sa suite tout ceux qu’appelle l’espérance du Ressuscité.
Chronique du 20 avril sur Radio Notre-Dame.
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* Vient de paraître, du cardinal Jean Honoré, John Henry Newman, le combat de la vérité, Cerf, 223 pages, 24 euros.
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