Elections régionales : aucune leçon ! - France Catholique
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Elections régionales : aucune leçon !

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Au soir du 14 mars, la défaite cent fois annoncée a eu lieu : l’UMP n’obtient que 26,7 % des suffrages exprimés. Avec 30 %, les dirigeants socialistes crient victoire et les écologistes (13,3%) se réjouissent de leur bon résultat. Jean-Marie Le Pen est fort satisfait lui aussi : le Front national (12%) a réussi à rassembler les déçus du sarkozysme qui n’ont pas été tentés par la solution de centre-gauche représentée par François Bayrou (4%). Quant à l’extrême gauche, comme toujours divisée en trois tendances, le Front de gauche (6,2%), Le Nouveau parti anticapitaliste (2%, cinglante défaite pour Olivier Besancenot) et Lutte ouvrière (1,3%), elle va pouvoir continuer à balancer entre purisme et ralliement sans gloire à la gauche classique.

Sur ces résultats, l’abondance des commentaires contraste avec l’absence de leçon politique de quelque portée. Ceci pour trois raisons :
Le caractère massif de l’abstention : il tient à un rejet médité de la classe politique nationale et à un total désintérêt pour les structures et les élus régionaux. Les Français votent pour choisir leur maire, leur député et le président de la République. Pour ceux qui ne sont pas directement engagés dans la politique, les élections régionales sont aussi abstraites que les élections européennes.

La neutralité déclarée de Nicolas Sarkozy : ce facteur disparaîtra dès que la campagne pour la présidentielle commencera et l’engagement probable du président de la République, dont la pugnacité est inentamée, changera la donne et réduira considérablement le nombre des abstentionnistes.
La situation sociale : elle est de plus en plus tendue comme le montre la succession des grèves et des manifestations qui ont eu lieu dans les jours qui ont précédé le premier tour : le 9 mars, manifestations de juges, d’avocats, de greffiers et de membres de l’administration péniten­tiaire ; le 11 mars, grève des médecins généralistes et du personnel des crèches ; le 12 mars, grève et manifestation du personnel de l’Éducation nationale ; plus des mouvements sociaux dans le secteur privé. Malgré la prudence des syndicats, une explosion sociale est possible dans les prochains mois – qui modifierait les rapports de force politiques.

Tentons tout de même de trouver dans les résultats du 14 mars quelques indications intéressantes pour les candidats à l’élection présidentielle :
Il y a échec de Nicolas Sarkozy quant à l’électorat du Front national : la campagne sur « l’identité nationale » s’est retournée contre ses initiateurs et le thème de l’insécurité se retourne contre ceux qui auraient déjà dû l’éradiquer puisqu’ils sont aux affaires depuis 2002.

Il y a échec du Parti so­cialiste contre ses féodalités, tout particulièrement la région détenue par Georges Frêche, rebelle à Paris et vainqueur de ceux qui l’ont exclu.

Il y a échec pédagogique des principales formations de droite et de gauche qui ont fait une campagne médiocre, ponctuée de basses polémiques complaisamment relayées et souvent amplifiées par les médias.
Mais il n’y a pas d’échec pour la démocratie car les votes de rejet et les absentions sont souvent des positions d’attente de projets et de programmes réellement novateurs.

Alice TULLE