La présence de Dominique Lapierre, ce matin sur Radio Notre-Dame, me fait penser à l’Inde, ce pays-continent qu’il connait si bien et qu’il a contribué à nous faire connaître par ses livres. Il est le mieux à même de nous dire à quel point ce pays a changé. Comment il est devenu avec la Chine et le Brésil ce qu’on appelle une des grandes puissances émergentes avec un développement étonnant de son économie et de sa société. Il peut nous dire aussi en quoi l’Inde est restée un pays touché par la pauvreté, et même la misère, et qui se trouve être ainsi une terre de contrastes. En 20 ans, c’est l’équilibre même de la planète qui a changé avec des problèmes nouveaux qui ont apparu et dont la crise économique économique et financière des derniers mois est, sans doute, une des expressions les plus caractéristiques.
La rencontre qui se tient en ce moment à Davos, avec les grands patrons et les financiers du monde entier, constitue un symptôme intéressant à analyser. En quoi la crise dont il faut espérer que nous sommes vraiment en train de sortir, nous impose t-elle des révisions parfois drastiques ? Nicolas Sarkozy a prononcé hier un discours, qui, semble-t-il, n’a pas obtenu un franc succès. Moraliser le capitalisme pour le sauver, c’est un beau programme, mais qui appartient plus au langage des politiques qu’à celui des responsables directs de l’économie, en particulier les dirigeants du système bancaire. Certains ont peur que les États ne s’avisent de soumettre les flux financiers à trop de régulation. C’est la volonté explicite de Barack Obama. Et notre président n’est pas très bien entendu à Davos lorsqu’il déclare: « La mondialisation a engendré un monde où tout était donné au capitalisme financier, presque rien au travail, où l’entrepreneur passait après le spéculateur. » Ou encore : « Il y a des profits excessifs qui ne seront plus acceptés parce qu’ils sont sans commune mesure avec la capacité à créer des richesses et des emplois. »
Nous avons vu aux journaux télévisés que les réactions de l’auditoire étaient plutôt partagées, et que s’il y avait des applaudissements polis, rares étaient ceux qui se levaient pour manifester leur approbation entière aux propos de notre président. C’est sans doute que les dirigeants de l’économie actuelle sont encore loin d’être persuadés de la nécessité d’une moralisation capitaliste par une sérieuse reprise en main du système bancaire.
Au même moment, le président Obama, dans son discours sur l’état de l’Union, tenait un langage assez proche de celui de Nicolas Sarkozy, avec un congrès enthousiaste et se levant sans cesse pour applaudir. Mais c’est l’habitude à cette occasion où l’Amérique aime montrer sa cohésion nationale. Pour compléter le tableau international, il faudrait aussi évoquer le rassemblement des alter-mondialistes à Porto Allegre, avec le président Lula, qui a encouragé les militants à passer à l’action. Pourtant le même homme s’était promis d’aller à Davos vendredi.
Aurait-il été mieux reçu et compris que notre président ? Il aurait été sans doute plus sévère encore. N’a t-il pas accusé, à Porto Allegre, le monde développé d’être responsable de la misère d’Haïti : « Ce tremblement de terre va peut-être mettre mal à l’aise les gouvernants de cette planète et permettre de faire ce qu’il aurait fallu faire il y a 40 ou seulement 10 ans. »
Décidément, l’heure est venue d’une grande explication mondiale. Mais débouchera t-elle sur de vraies décisions et un changement réel du monde ?
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux