Semaine de l'Unité - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Semaine de l’Unité

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Que pourrais-je dire, moi chrétien de base, sur la question œcuménique, devant Mgr Gérard Daucourt et le pasteur Claude Baty ? Sûrement pas des choses très originales ou même vraiment pertinentes. L’œcuménisme, au cours des décennies, n’est-il pas devenu à la fois une sorte de bien commun à tous, et en même temps une sorte de discipline ou un art qui sont le propre de théologiens voués à la complexité de la cause de l’unité ?

Tout jeune, j’ai connu la semaine de l’unité, avant même que Vatican II ne fasse de l’œcuménisme une tâche prioritaire, un objectif absolument nécessaire pour le témoignage de la foi. Nous étions déjà sensibilisés au scandale de la désunion et bien souvent nous relisions la prière de Jésus du Jeudi saint. Le nom de l’abbé Paul Couturier était vénéré par nous, en tant que fondateur de cette semaine et nous avions intégré son mot d’ordre sur l’unité : « telle que Dieu la veut et par les moyens qu’il voudra ».

Vatican II est venu renforcer cette intime certitude, et l’habitude s’est prise de rencontres entre chrétiens qui, auparavant, ne se connaissaient guère, ou, en tout cas, n’avaient pas cette chance de prier ensemble. Je m’aperçus, bien des années plus tard, à quel point cela avait pu transformer certaines vies. Comme journaliste, j’eus l’occasion un jour de recueillir le témoignage de pasteurs, ou de leurs épouses, dans une maison de retraite de la région parisienne. Plusieurs me confièrent combien le fait de nouer des relations avec des prêtres et des paroisses catholiques avaient donné une toute autre perspective à leur vision pastorale et même à leur vie sociale. Certains, parfois, s’étaient sentis moins isolés et réconfortés. En ce qui concerne les « chrétiens de base », ils ont pris l’habitude de se concevoir plus solidaires. Le sentiment d’étrangeté a pu, sinon complètement disparaître, du moins s’atténuer. C’est pourquoi, face à un pessimisme souvent propagé à l’égard d’un œcuménisme décrit comme à bout de souffle ou en perte de vitesse, je serais tenté de marquer mon désaccord.

Cela ne veut pas dire que tout s’est arrangé, que la route s’est complètement aplanie vers le but d’une parfaite communion. Mais comment pourrait-il en être autrement? Les différentes confessions qui se sont séparées depuis le seizième siècle, et même depuis le premier millénaire, ont acquis des personnalités très affirmées, des spiritualités et des mentalités théologiques très spécifiques. J’ai retenu ce que m’avait dit un jour à Bâle le grand théologien Urs Von Balthasar. Il habitait dans la même ville, magnifique au demeurant, que son collègue protestant, l’immense Karl Barth. L’un et l’autre avaient eu des conversations approfondies, très développées. Mais c’était pour conclure à une sorte de différence irréductible. Leur amitié qui s’était renforcée ne pouvait modifier leur situation fondamentale qui les faisait l’un catholique, l’autre réformé. Je ne dis pas cela pour jeter une ombre sur l’œcuménisme, mais pour garder une certaine lucidité. Par bien des aspects, il a tout changé, par d’autres il nous a fait aussi prendre conscience de nos spécificités. A quel point celles-ci sont-elles des richesses à sauvegarder, à quel point sont-elles des obstacles encore redoutables? Je n’aurai pas la prétention de le dire. Je n’en conclurai pas moins en saluant la joie d’être ensemble et de témoigner du même et seul Seigneur

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