Jean-Luc Marion - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Jean-Luc Marion

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Cher Jean-Luc Marion, je ne saluerai pas ce matin l’académicien, puisque c’est déjà chose faite, quelques heures à peine après ta belle élection au siège de Jean-Marie Lustiger. C’est aux éditions Grasset, rue des Saints Pères, que je suis venu te féliciter, plutôt ému, je dois le dire. Il me semble ne t’avoir jamais confié que c’est dans cette bonne maison que je te vis pour la première fois. Je ne te connaissais pas encore personnellement mais je t’ai identifié tout de suite. Tu venais pour le contrat de L’idole et la distance ! Tout un programme et toute une époque que je me remémore souvent, puisqu’elle fut fondatrice pour notre génération. Ton livre que je lus tout de suite, me touchait énormément, et à plusieurs titres. Il répondait aux requêtes bien contemporaines et existentielles de l’intelligence et de la foi. Tu étais à la fois pleinement dans l’université et pleinement dans l’Eglise, et tu assumais ta tâche de philosophe dans une lumière chrétienne, d’une façon nullement intemporelle, parce que dans le Paris de cette époque, encore très marqué par mai 68, tu étais au cœur des problématiques du temps, entre Nietzsche et Heidegger, Lévinas et Derrida. Mais tu y ajoutais déjà Deny l’Aréopagite et Augustin. Je fus d’emblée séduit.

Je le fus d’autant plus que nous avions rencontré, sensiblement en même temps, quelqu’un qui a beaucoup compté pour toi et pour moi et que je ne puis m’empêcher d’évoquer ce matin: Maurice Clavel ! Je m’étais retrouvé proche de lui pour des raisons à vrai dire politiques, dans le grand ébranlement de l’après 68, pleinement convaincu de son analyse sur un craquement de civilisation. Un craquement qui ne s’expliquait que par le corps à corps de Jacob et de l’ange au tréfonds de notre civilisation. Nous ne sûmes que quelques années plus tard que cette analyse correspondait très exactement à l’aventure intérieure de notre ami, à une conversion presque brutale, qui avait fait suite à une véritable déchirure. Avec Ce que je crois, Clavel nous apportait une aide considérable à nous autres chrétiens quelque peu isolés dans les mouvements d’alors avec cet étrange climat, où comme le disait encore Clavel, le marxisme était en train de vivre en quelque sorte son été de la Saint Martin terminal.

Malheureusement, Clavel mourrait prématurément. Mais il avait devancé une nouvelle époque qui, pour moi, est symbolisée par deux noms: Jean-Paul II et Jean-Marie Lustiger. Je ne connaissais pas encore le second. C’est toi qui m’en parla le premier et m’annonça même sa nomination comme archevêque de Paris. Je me rendis compte sur le champ de l’extraordinaire don que nous avait fait la providence. Nous allions en bénéficier pendant un quart de siècle. C’est dire à quel point ton élection à l’Académie française comme successeur de Jean-Marie Lustiger m’a touché. Car il est un de ces hommes qui ont changé l’histoire. Et si j’ai rappelé ces quelques souvenirs, ce n’est nullement par nostalgie mais par conviction que quelque chose s’est passé d’essentiel. Quelque chose à quoi toi-même par ton œuvre a été directement associé et qui féconde toujours notre présent.

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